DOMINIQUE DE VILLEPIN l’avait annoncé le 26 mai en présentant les grandes lignes du plan Solidarité grand âge : «Je présiderai le 3juillet une conférence de la famille consacrée aux solidarités intergénérationnelles (...) Nous examinerons les mesures permettant de mieux connaître lacontribution des familles et de mieux valoriser les aidants familiaux, y compris sur le plan professionnel.» Le Premier ministre avait évoqué la création de places d’hébergement temporaire et d’accueil de jour, prévue dans le plan 2007-2012, ajoutant : «Nous devons leur offrir un véritable “droit au relais” pour leur permettre de souffler et de reprendre des forces.»
Les mesures qu’annoncera le chef du gouvernement, lors de ce grand rendez-vous annuel qui réunit élus, partenaires sociaux et associations, devraient s’inspirer des propositions des deux groupes de travail qui ont rendu leur rapport en mai (« le Quotidien » du 17). Le premier, présidé par Alain Cordier, président de la Caisse nationale pour la solidarité et l’autonomie, propose six mesures pour aider les aidants familiaux (soutien personnalisé, formules de « répit », élargissement du droit d’absence, droits à la retraite, formation, retour à l’emploi) et six mesures pour soutenir la solidarité familiale (information sur les droits, congé plus long en cas de décès d’un enfant, reconnaissance du rôle des grands-parents, réforme du système de protection juridique des majeurs, nouvelles formes d’épargne solidaire, réflexion sur les modalités d’indemnisation des aidants familiaux). Le second groupe de travail, présidé par Raoul Briet, responsable du Fonds de réserve pour les retraites, a fait huit propositions pour faciliter et rendre durables les solidarités intergénérationnelles, parmi lesquelles la création d’un numéro d’appel national, la mise en place d’une charte, des mesures pour favoriser la cohabitation des jeunes et des personnes âgées, et la mise en place d’un service civique à caractère social ouvert à tous les jeunes.
Délaissés ou chouchous ?
Philippe Bas, le ministre délégué chargé des Personnes âgées, des Personnes handicapées et de la Famille, insiste sur «le rôle pivot d’une génération trop souvent délaissée – les 55-75 ans – , qui a souvent à la fois la charge de parents très dépendants et celle de jeunes adultes». Selon une étude de la Drees (ministère de la Santé) en 2002, les aidants familiaux sont, dans la moitié des cas, un conjoint et, dans un tiers des cas, l’un des enfants, ayant en moyenne 55 ans.
Mais du côté des associations, ce n’est pas le consensus.
L’Unaf (Union nationale des associations familiales) suggère que l’aide au soutien privé s’étende, au-delà des solidarités familiales, à tous ceux (bénévoles d’associations, amis, voisins) qui peuvent intervenir en faveur des personnes peu autonomes ou dépendantes. L’Ufal (Union des familles laïques) craint que «le recul de la solidarité intergénérationnelle assurée par la protection sociale solidaire (soit) caché par de nouvelles propositions intrafamiliales sous prétexte d’économies». D’autres estiment qu’il vaut mieux s’occuper des familles les plus précaires, comme la Confédération syndicale des familles. Ou des jeunes adultes précaires plutôt que des retraités, comme l’Union des familles en Europe : «Ça suffit de s’occuper de cette génération chouchou, on a assez mis d’argent pour les personnes âgées: cette génération est celle qui a touché les meilleures prestations sociales», dit son porte-parole, Dominique Marcilhacy.
Le nerf de la guerre risque en tout cas de manquer. «Les aidants familiaux, c’est un fait de société et c’est bien d’en discuter pendant la Conférence de la famille, mais ce n’est pas à la branche famille d’en supporter le coût», prévient Nicole Prud’homme, la présidente de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf), dont le déficit devrait se creuser en 2006 à 2 milliards.
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