Au musée Malraux, une donation exceptionnelle

Le Havre, haut lieu de peinture moderne

Publié le 21/04/2005

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A UN DOUBLE TITRE, le musée du Havre vaut le voyage. D'abord, par sa situation en bord de mer et par l'exceptionnelle luminosité de son site. Ensuite, parce qu'on y voit de très belles œuvres, essentiellement venues de la période impressionniste et du fauvisme. Au fil des acquisitions que la ville réalisa pour lui, mais surtout grâce aux legs et aux donations dont il bénéficia, il a considérablement enrichi ses collections en un siècle et demi. L'institution s'est notamment dotée de deux fonds d'atelier d'artistes, celui d'Eugène Boudin (200 esquisses) et celui de Raoul Dufy, enfant de la ville, qui réunit 70 œuvres, s'étendant de sa période fauve jusqu'à l'après-guerre. En 1936, la collection d'œuvres impressionnistes et fauves de Charles-Auguste Marande (63 peintures et 25 dessins) vint compléter ce bel héritage. Enfin, en décembre dernier, Hélène Senn-Foulds fit don au musée des 205 œuvres de la collection de son grand-père, Olivier Senn, amateur d'art éclairé et visionnaire. La collection est magistrale.
Olivier Senn, né au Havre en 1864, était administrateur de sociétés cotonnières. Passionné d'art, il développa un goût très vif pour les peintres impressionnistes et l'art du paysage, ainsi qu'une curiosité pour les avant-gardes. Il acquit dans ses jeunes années les premières toiles de sa collection : trois œuvres de Camille Pissarro et « une Femme vue de dos » de Renoir. En 1905, son beau-père lui offrit le somptueux paysage fauve de Derain, Bougival. Puis Senn continua à enrichir sa collection d'œuvres impressionnistes (des Sisley, des Monet ; un délicieux Portrait de Nini Lopez par Renoir ; un « Paysage de neige » à Crozant de Guillaumin), pré-impressionnistes (Delacroix, « Paysage à Champrosay » ; Courbet, « la Mer à Palavas »), néo-impressionnistes (Cross, « la Plage de la Vignasse, iles d'Or »), nabis (superbe « Berger Corydon et l'Arbre roux » de Sérusier ; « Intérieur au balcon à Antibes », de Bonnard ; un « Enfant lisant » de Vuillard), fauves (plusieurs toiles de Marquet, dont le lumineux « Intérieur à Sidi-Bou-Saïd », et de Matisse une nature morte et un « Paysage du midi »), ainsi que d'œuvres graphiques parmi lesquelles un très bel ensemble d'une quarantaine de dessins de jeunesse d'Edgar Degas.
Impatient de mettre au grand jour ces merveilles, le musée Malraux les expose jusqu'en juin et en laissera une partie visible jusqu'en septembre. Mais à la fin de l'année, il devra entamer des travaux afin de rénover et d'aménager des salles pour que ces trésors trouvent leur écrin définitif.

Musée Malraux. 2, boulevard Clemenceau, 76600 Le Havre. Tél. 02.35.19.62.62. Jusqu'au 12 juin. La plupart des œuvres de l'exposition seront visible jusqu'au 2 septembre (mis à part les dessins). Catalogue des œuvres de la donation Senn-Foulds, 1er volume : « Les Peintures », 192 pages, Éditions d'Art Somogy, 30 euros (2e volume : « Les Œuvres graphiques », parution prévue en 2006-2007).

> D. T.