C’EST un véritable cri d’alarme que n’hésite pas à lancer le Dr Christian Ziccarelli, le président du Syndicat National des Spécialistes des Maladies du Cœur et des Vaisseaux (SNSMCV). « Si on ne nous donne pas les moyens de revaloriser l’exercice libéral de la cardiologie ambulatoire, on court à la catastrophe, affirme-t-il. Sans ces moyens, il est clair que dans un avenir relativement proche, un grand nombre de villes moyennes n’auront plus un seul cardiologue. Quand on parle du problème des déserts médicaux, il serait bon qu’on n’oublie pas la question des cardiologues libéraux ».
Une relève absente.
Le Dr Zicarrelli reconnaît que globalement, les cardiologues libéraux sont plutôt bien répartis sur le territoire. « Mais il faut regarder la réalité en face. Aujourd’hui, dans un grand nombre d’endroits, on voit des cardiologues partir en retraite sans être remplacés. Résultat, de plus en plus de confrères se retrouvent seul au sein de leur cabinet » constate le président du SNSMCV, en prenant l’exemple de sa région d’exercice, le Centre. « À Issoudun, il ne reste plus qu’un seul cardiologue qui est proche de la retraite. Gien et Pithiviers, eux aussi, n’ont plus qu’un seul cardiologue. À Romorantin, il y avait encore deux cardiologues mais l’un vient de cesser son activité. Ce genre de situation se retrouve dans de nombreux départements en France ».
Le problème est que, face à cette chute démographique, la relève n’est pour l’instant pas vraiment au rendez-vous. « Aujourd’hui, seulement 5 % des jeunes cardiologues choisissent de s’installer en libéral. Quand ils achèvent leur internat, nos jeunes confrères préfèrent essayer de trouver un poste de salarié (PH, industrie…) ou aller travailler dans la clinique privée pratiquant la cardiologie interventionnelle. Ce problème démographique est souvent évoqué pour les généralistes, mais on parle beaucoup moins des autres spécialités qui sont pourtant, elles aussi, touchées de plein fouet par cette désaffection de l’exercice libéral », souligne le Dr Ziccarelli.
Inégalité d’accès aux soins.
Selon lui, ce problème pose clairement la question de l’égalité des Français face à l’accès à des soins de proximité. « C’est un problème sanitaire majeur car la cardiologie est, dans bien des cas, une médecine de proximité. Et beaucoup de patients, en particulier les plus âgés, n’ont pas la possibilité de faire 50 ou 60 kilomètres pour aller voir un cardiologue. L’idée de créer de grands groupes de cardiologie dans une ou deux villes d’un département ne peut pas être une solution acceptable. Ou alors il faut accepter l’idée que les Français n’ont pas les mêmes chances en matière de santé selon l’endroit où ils habitent sur le territoire ».
Pour le président du SNSMCV, il n’y a qu’une seule solution qui puisse enrayer cette chute du nombre de cardiologues installés en libéral : la mise en place d’une revalorisation de l’exercice en ambulatoire. « C’est un problème financier mais avant tout politique. Depuis 2005, aucun acte de cardiologie n’a été revalorisé. Il y a même eu des décotes. Avec l’augmentation incessante des charges qui pèsent sur les cabinets, cela devient intenable. Il devient donc urgent de redonner une véritable attractivité à notre exercice libéral. Car sinon, il ne faut pas se faire d’illusions : plus aucun jeune n’ira s’installer en libéral. Et il faut être conscient de la réalité démographique. Quand ma génération, c’est-à-dire celle des cardiologues ayant entre 58 et 65 ans, va partir en retraite, on risque d’être dans une situation absolument catastrophique », estime le Dr Ziccarelli.
D’après un entretien avec le Dr Christian Ziccarelli, président du Syndicat national des spécialistes des maladies du cœur et des vaisseaux (SNSMCV).
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