Cruelle désillusion ! Alors que 2010 devait être l’année de la quasi-disparition de la rougeole en Europe selon le plan de l’OMS lancé en 2005, les données du ministère de la santé montrent que la circulation du virus n’a jamais été aussi active en France métropolitaine. À tel point que Nora Berra se voit contrainte de décréter l’état d’urgence, alertant sur « une recrudescence préoccupante de la rougeole ». Il est vrai que les chiffres dévoilés mardi par la Secrétaire d’Etat à la Santé ont de quoi inquiéter : rien que sur les deux premiers mois de l’année 2011, 3 400 nouveaux cas ont déjà été détectés, soit deux fois plus qu’en 2009 et près de cent fois plus qu’en 2007 ! Cette augmentation de l’incidence va de pair avec une évolution de l’épidémiologie de la rougeole qui touche de plus en plus le petit nourrisson et le jeune adulte, deux populations plus vulnérables aux formes compliqués.
25 ans après l’introduction du ROR, l’épidémie de rougeole est donc bel et bien de retour, mais elle n’a plus le même visage. Comment en est-on arrivé là ? Pour les experts, nous serions en train de payer l’addition d’une couverture vaccinale trop faible depuis des années. Car malgré une légère augmentation depuis 2006, cette couverture stagne toujours autour des 90 % et n’arrive pas à atteindre le seuil salutaire des 95 % qui assurerait, sinon la disparition de la maladie, du moins l’interruption de la circulation de la rougeole. Négligence de soignants surmenés ? Insouciance des parents vis-à-vis d’une maladie souvent jugée bénigne ? Défiance croissante des Français envers la vaccination ? Les causes sont sans doute multifactorielles.
Quoi qu’il en soit, pour endiguer cette recrudescence de la rougeole, l’heure est maintenant à la mobilisation générale, estime Nora Berra qui appelle « à un effort collectif et individuel de vaccination » notamment chez le jeune adulte et promet une campagne de sensibilisation du grand public. Un message qui fait écho à la dernière mouture du calendrier vaccinal dévoilé cette semaine qui préconise un rattrapage vaccinal à marche forcée chez le jeune adulte. Pour réduire cette fracture vaccinale, la solution se trouve bien évidemment dans les cabinets de médecine générale. Mais, s’agissant des patients non protégés, c’est aux pouvoirs publics de battre le rappel.
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