LA RESTRICTION calorique étant corrélée à une perte de poids, l’équipe du Dr Marie Lagouge (CNRS/INSERM/ULP Illkirch) a mis en place un travail afin de définir si l’activation de Sirt1 (sirtuine) in vivo protège contre l’apparition de l’obésité et des pathologies qui lui sont associées. Les sirtuines sont une famille de déacétylases NAD dépendante présentes dans de très nombreuses espèces. Par déacétylation d’histones et de facteurs de transcription, ces molécules provoquent un remodelage de la structure chromatinienne et modulent l’activité transcriptionnelle. C’est pourquoi elles sont impliquées dans de très nombreux processus cellulaires ; et, dans différentes espèces, elles agissent comme médiateur des effets de la restriction calorique.
Les chercheurs ont analysé, sur un modèle murin, les effets d’un activateur spécifique de Sirt1 couplé à l’alimentation, le resvératrol – trouvé notamment dans le vin. Le travail a porté sur deux modèles animaux, l’un d’obésité induite par une alimentation enrichie en lipides, l’autre d’obésité génétique.
Les propriétés cellulaires du resvératrol ont déjà fait l’objet d’études complexes. On sait, par exemple, que cette molécule augmente la durée de vie, interagit avec la fonction mitochondriale et l’homéostasie métabolique. Le traitement des rats par resvératrol augmente de façon significative leurs capacités aérobies comme le prouve la majoration de leurs capacités d’effort et leur meilleure consommation musculaire d’oxygène.
Baisse de consommation alimentaire.
Cet effet du resvératrol s’est traduit par une majoration de la résistance des animaux à l’obésité induite par la baisse de consommation alimentaire ainsi qu’à l’insulinorésistance. Les auteurs ont aussi découvert une association significative entre le polymorphisme de trois nucléotides pris de façon individuelle (SPNs) dans le gène humain Sirt1 et l’homéostasie énergétique. Ce qui laisse à penser que les résultats des expérimentations animales peuvent être extrapolées à l’homme. Il semblerait donc que la fonction de l’axe Sirt1-PGC-1 alpha puisse être plus importante qu’un simple contrôle de la néoglucogenèse hépatique en permettant une thermogenèse adaptative du tissu adipeux brun et des cellules musculaires.
Les effets du resvératrol sont associés à une induction des gènes de la phosphorylation oxydative et de la biogenèse mitochondriale. Ces effets pourraient être en rapport avec une baisse de l’acétylation PGC-1 alpha et une majoration de l’activité PCG-1 alpha. Ce mécanisme paraît plausible, puisque le resvératrol agit comme activateur de la protéine déacétylase Sirt1. Preuve supplémentaire de cette possible implication, la molécule se révèle inactive dans les myotubules C1C12 et dans les fibres musculaires de modèles animaux Sirt1 -/- MEFs.
« Cell », édition avancée en ligne.
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