LES JOURNEES du Collège de médecine d'urgence de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), qui ont dénoncé la saturation continuelle de ces services, ont mis l'accent sur le rôle des infirmières, en demandant que leur fonction soit reconnue comme une spécialité.
Le collège Paca de médecine d'urgence a la particularité de regrouper, lors de ses journées de formation continue, autant d'infirmières que de médecins. Le respect des droits du patient, les suspicions de maltraitance ou l'attitude face à la mort les concernent en effet autant que les médecins et elles sont même souvent le principal interlocuteur des patients et des familles. Elles tiennent un rôle capital et spécifique dans les soins d'urgence, différents des soins dispensés dans les autres services.
Les urgentistes rassemblés à Marseille ont donc demandé la reconnaissance de la spécialité d'infirmière d'urgence : « Elles ont des fonctions qui demandent une formation particulière. Elles sont parfaitement polyvalentes et peuvent tout à fait intégrer d'autres services, mais l'inverse n'est pas toujours vrai », souligne le Dr Jean-Marc Miguet, organisateur de cette manifestation.
Embouteillages.
Leur rôle est plus important dans le contexte actuel. Car, confrontés aux patients et à leur entourage inquiets et impatients d'être pris en charge, les urgentistes doivent composer avec les autres médecins de l'hôpital, les chirurgiens notamment, auxquels ils « prennent » des lits, souvent réservés pour des interventions programmées, comme ce fut encore le cas en février, lors du déclenchement du plan blanc. « Nous tournons à 105 % », témoigne le Dr Philippe Cano, urgentiste à l'hôpital Nord de Marseille. Même constat dans les services d'urgence d'Avignon, d'Aix-en-Provence ou de Draguignan que dans ceux de Marseille où les médecins parlent d'embouteillage : « On manque de lits de suite, surtout pour les personnes âgées qui arrivent chez nous et y restent parce qu'il n'y a pas de lits dans les services adaptés. »
Ils évaluent généralement à 5 % le taux de personnes pour qui le maintien aux urgences se justifie. Mais « cet hiver, par exemple, il n'y avait pas d'épidémie particulière, ni un froid exceptionnel, mais suffisamment pour que les personnes âgées se retrouvent aux urgences et y restent parce qu'on ne les renvoie pas chez elles comme ça », explique le Pr Jean-Pierre Aufray, nouveau responsable du Samu des Bouches-du-Rhône, qui explique la saturation des services par la diminution des lits ( « 15% en moins depuis quinze ans alors qu'il y a 10 % de patients en plus ») et la mauvaise anticipation du vieillissement de la population : « Quand on entre dans le grand âge, l'état général se dégrade plus rapidement, pendant des périodes plus courtes et plus intenses », souligne-t-il, en souhaitant une autre organisation et en déplorant « une certaine inertie de la machine ».
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