Injections intracaverneuses

Le rôle du médecin généraliste

Publié le 22/03/2005
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COMME LE met en évidence l'étude Easy (Evaluation de l'Acceptation deS injections intracaverneuses dans la dYsfonction érectile), les injections intracaverneuses (IIC) de PGE1 répondent tout à fait aux attentes des patients atteints de dysfonction érectile : efficacité constante pour 57 %, une fois sur deux pour 81 %, satisfaction pour 72 %, facilité de réalisation pour 82 %, confiance pour les rapports sexuels pour 81 %.
Mais aussi, et c'est un point capital, la douleur de l'injection est considérée par la majorité des patients comme « négligeable à faible » sur une échelle visuelle analogique.
En pratique, les injections intracaverneuses relèvent aussi du médecin généraliste, à condition qu'il soit formé à ce geste simple mais précis pour être à l'aise lors de la consultation d'apprentissage du patient à l'auto-injection.
Qui va-t-il prendre en charge ? Tous les patients insatisfaits des traitements oraux de la dysfonction érectile, ou ceux chez lesquels ces traitements per os sont contre-indiqués. Mais il faut bien reconnaître que, dans la pratique quotidienne, quatre profils de patients sont plus fréquemment confrontés à cette pathologie sexuelle : les prostatectomisés, les blessés médullaires, les diabétiques et les cardiopathes.
• Prostatectomisés.
Malgré une technique optimale, la prostatectomie radicale peut être à l'origine d'une dysérection postopératoire. L'intérêt d'une prise en charge postopératoire précoce avec des IIC de PGE1 repose sur le concept d'amélioration d'oxygénation du corps caverneux pour limiter la fibrose tissulaire et permettre au patient de reprendre une activité sexuelle plus précocement. Cela posé, en cas de non-préservation nerveuse, le traitement par IIC est définitif.
• Blessés médullaires.
Chez le blessé médullaire, l'érection est possible dans la majorité des cas mais souvent insuffisante en durée, en rigidité ou en stabilité pour permettre un rapport satisfaisant. Ce type de patient répond en général bien aux IIC d'Edex, et souvent à dose faible du fait de la normalité du système vasculaire. Les autres déficiences, l'incontinence urinaire ou anale par exemple, doivent cependant être traitées avant la prise en charge de la dysérection. Par ailleurs, le traitement par IIC ne modifie ni la sensation locale ni la capacité d'éjaculation, qui doivent faire l'objet d'une prise en charge spécifique.
• Diabétiques.
Après dix ans d'évolution du diabète, une dysfonction érectile survient dans 50 % des cas. Cette dysfonction peut être à l'origine d'une non-compliance thérapeutique, vis-à-vis des antihypertenseurs notamment. Les IIC sont particulièrement bien vécues dans ce cas de figure car les traitements oraux actuels sont souvent moins efficaces chez le diabétique, mais aussi car celui-ci n'appréhende pas l'auto-injection.
• Cardiopathes.
Ces derniers sont très concernés par la dysfonction érectile car ils cumulent souvent plusieurs facteurs de risque de dysfonction endothéliale : dyslipidémie, tabagisme, HTA, diabète mais aussi iatrogenèse. Les IIC ont l'avantage chez ces patients d'être dénuées d'effets systémiques mais aussi de ne pas être à l'origine d'interactions médicamenteuses, y compris avec les dérivés nitrés. Leur utilisation est également possible chez les patients sous anticoagulants, moyennant une pression prolongée au point de piqûre après le geste.

D'après les communications du Dr Pierre Desvaux (hôpital Cochin, Paris), du Dr Marc Ganem (président de la SFSC, Paris), du Dr Antoine Lemaire (Lille), du Dr Denis Baron (La Rochelle), du Dr Edouard Amar (hôpital Bichat, Paris), du Pr Pierre Denys (hôpital Raymond-Poincaré, Garches) et de Benjamin Alexandre (Lille) dans le cadre d'un amphi du MEDEC parrainé par Schwarz Pharma.

> Dr DELPHINE OLIVIER

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7714