LA PLACE DU PATIENT a considérablement changé depuis une dizaine d'années. La consécration de cette évolution a d'ailleurs été la loi sur les « droits des malades » du 4 mars 2002. Dans la recherche universitaire, cette place a déjà été largement abordée du point de vue de l'éthique mais très peu dans son aspect économique. C'est ce que propose aujourd'hui une école de commerce parisienne, Escp-EAP, en partenariat avec Janssen-Cilag, avec la création d'une « chaire santé ».
« Nous tenons à nous inscrire dans une démarche d'anticipation- encore plus que de réactivité - et d'information car nous sommes convaincus qu'un patient informé devient un patient responsable », explique Frédéric Champavère, président de Janssen-Cilag. Cinq groupes de recherche seront ainsi constitués. « La réflexion sur la gestion des coûts de santé doit faire l'objet d'une approche comportementale pour favoriser l'éducation du patient », précise Jean-Louis Scaringella, directeur général d'Escp-EAP.
Placée sous le contrôle d'un conseil d'administration composé de responsables d'entreprise et d'universitaires, la chaire santé souhaite offrir une approche pluridisciplinaire. « Dans un premier temps, nous devrons proposer une analyse précise, chiffrée et rigoureuse des problèmes de santé. Puis, nous réfléchirons à comment les acteurs de santé peuvent s'organiser face aux nouveaux comportements des patients », ajoute Alain Ollivier, professeur au département marketing de l'Escp-EAP.
Communiquer avec les patients.
D'un point de vue plus concret, la chaire permettra également d'élaborer de nouveaux modes de communication avec les patients. Une des principales « revendications » des malades porte, en effet, sur le droit à l'information dans son dossier personnel, mais aussi sur la pathologie en général. « Les patients ont montré un désir croissant de comprendre les maladies afin d'opérer des choix éclairés pour eux-mêmes et d'exercer un contre-pouvoir face aux professionnels, en particulier par le biais des associations », souligne le Pr Jean-Jacques Zambrowski, du service de médecine interne de l'hôpital Bichat (Paris) et professeur d'économie de la santé. Ces mêmes associations sont en général largement soutenues par l'industrie pharmaceutique. « Cette démarche crée l'occasion d'un dialogue et d'un partenariat actif pour la prévention, l'observance et la pharmacovigilance », plaide Jean-Jacques Zambrowski. Consacrée uniquement à la recherche et non à l'enseignement, cette chaire santé donnera lieu à des rapports sur les thèmes de recherche délivrant des résultats, des incitations, des recommandations, des publications des chercheurs dans des revues académiques et professionnelles et des conférences. Les premiers résultats de ces travaux seront publiés dès 2006.
Cinq thèmes de recherche
- Quels sont les fondements politiques, économiques, sociologiques, démographiques et culturels étayant l'hypothèse d'un nouveau rôle du patient dans les systèmes de santé ?
- Face à cette nouvelle situation, quelles sont les nouvelles organisations à imaginer et les actions à engager pour les acteurs de santé ?
- Quels canaux et quels vecteurs privilégier pour mieux répondre aux attentes d'information du patient ?
- Quelles sont les conditions et les conséquences d'une évolution du patient vers un statut de consommateur-payeur ?
- Quelle sera l'incidence de l'évolution de l'offre de soins à travers les réseaux sur le comportement des patients et des acteurs de santé ?
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