Retard au diagnostic du VIH

Le Royaume-Uni veut promouvoir les dépistages

Publié le 15/05/2005
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L'INFECTION par le VIH est souvent diagnostiquée tardivement, à un stade où les lymphocytes sont déjà nettement diminués et où un traitement antiviral aurait dû être instauré.
Déjà relevé par l'Agence de protection de la santé anglaise, ce constat est réaffirmé par une étude rétrospective portant sur près de 1 000patients anglais et irlandais.
En 2001, 59 % des patients commençant un traitement antirétroviral au Royaume-Uni présentaient un taux de lymphocytes T4 inférieur à 200/μl. Deux ans plus tard, des médecins anglo-irlandais analysent la situation de 977 patients, dont la séropositivité est révélée entre janvier et mars 2003.
Il s'agit de savoir si ces personnes ont présenté des indices de leur statut viral dans l'année précédant le diagnostic et comment celui-ci a finalement été posé. Leurs résultats montrent qu'un tiers de la cohorte étudiée a souffert d'un retard de dépistage. Ce délai est surtout retrouvé parmi les patients âgés et ceux originaires d'Afrique noire. Le retard est, en revanche, moins fréquent dans la population homosexuelle.
Moins de la moitié (41 %) des diagnostics sont posés à l'occasion d'un bilan biologique de routine, qui draine surtout les sous-populations jeunes, féminines, hétérosexuelles et/ou issues d'Afrique noire. Les 68 % restant sont assurés par les consultations gynéco-urologiques, sexologiques et de prise en charge du VIH. Cela correspond plutôt aux patients jeunes, masculins et homosexuels.
D'après les auteurs, ces deux modalités de dépistage sont significativement associées à un moindre risque de retard au diagnostic (risque relatif de 0,4 pour le bilan biologique et de 0,6 pour les bilans en clinique).
Dans l'année précédant le diagnostic, 17 % des sujets ont présenté des signes cliniques pouvant être en rapport avec l'infection. Parmi eux, 58 ont été hospitalisés, en particulier pour tuberculose. Selon l'analyse, 35 hospitalisations auraient pu être évitées et 160 de ces patients auraient mérité de commencer un traitement antiviral.
La réduction de la latence avant diagnostic serait donc positive tant pour le bénéfice individuel du patient que pour la santé publique et l'économie de la santé au Royaume-Uni. Les auteurs incitent à multiplier les dépistages biologiques systématiques et ciblés pour identifier, au moins, les 17 % de patients symptomatiques et, au mieux, la totalité des 33 % de la cohorte victime d'un retard de diagnostic.

Ann K. Sullivan et coll. « British Medical Journal » édition avancée en ligne.

> An. M.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7749