DE NOTRE CORRESPONDANT A LONDRES
SELON LE Dr Henry Jabbour (unité des sciences de la reproduction, MRC, Edimbourg), qui a dirigé les recherches, «les femmes en période d’activité génitale (et présentant un cancer du col ou de l’utérus) devraient encourager leurs partenaires à utiliser un préservatif afin de minimiser l’exposition de leur organisme aux prostaglandines». Un conseil à prendre avec prudence, toutefois. Le Pr John Troy (directeur médical de Cancer Research Royaume-Uni) souligne que ces travaux ne devraient pas avoir d’incidence majeure pour les femmes dont le cancer du col est correctement traité. Le facteur de croissance fibroblastique-2 (FGF-2) est un puissant facteur mitotique et angiogénique. Il est surexprimé dans le cancer de l’endomètre. Il paraît accentuer la vascularisation et le caractère invasif du carcinome (Billottet et coll., 2004).
Les Ecossais ont étudié l’expression du FGF-2 sur des cellules d’adénocarcinome endométrial (lignée Ishikawa) exprimant le récepteur EP2 (prostanoïde de la série E-2), mises en présence de plasma séminal ou de prostaglandines E2 (PGE2) (1). Les tissus cancéreux étaient obtenus à partir d’hystérectomies faites chez des patientes pour lesquelles avait été porté le diagnostic de cancer de l’endomètre.
Des concentrations jusqu’à 1 000 fois supérieures.
Des travaux antérieurs avaient suggéré que l’endomètre peut être exposé, en dehors des PGE2 d’origine endogène, à des pros- taglandines exogènes présentes dans le sperme, à des concentrations jusqu’à 1 000 fois supérieures (environ 70 µg/ml) à celles enregistrées dans l’endomètre normal. Robertson (2005) a ainsi montré que des constituants du sperme peuvent migrer au sein de l’endomètre et y modifier l’expression génique.
L’étude d’Edimbourg a montré que le sperme, tout comme la PGE2, augmente l’expression du facteur de croissance FGF-2 au niveau des cellules sensibilisées possédant le récepteur EP2, mais non des cellules Ishikawa « sauvages », non transfectées (p < 0,05). L’action du plasma spermique se traduisait par une accumulation d’AMP cyclique et une activation des voies des kinases c-Src, EGFR et ERK. En vérifiant, par ailleurs, que ce phénomène était annulé par l’addition d’un antagoniste du récepteur EP2, les chercheurs ont confirmé que la régulation, par le sperme, du FGF-2 au niveau des cellules cancéreuses s’exerce par une interaction avec le récepteur prostanoïde EP2, à l’instar de la PGE2.
Ces résultats amènent les Ecossais à penser que les pathologies de l’endomètre comportant une surexpression des récepteurs prostanoïdes peuvent être aggravées par l’exposition au sperme. Leur étude fait, par ailleurs, entrevoir l’intérêt potentiel de l’association d’inhibiteurs des enzymes COX (de synthèse des PG), d’une part, et d’antagonistes du récepteur EP2 ou d’inhibiteurs des voies des kinases EGFR ou ERK, d’autre part, dans le traitement du cancer de l’endomètre. Cette double action permettrait de cibler à la fois les PG endogènes et les prostanoïdes exogènes présentes dans le sperme.
(1) S. Battersby, K.-J. Sales, A.-R. Williams, R.-A. Anderson, S. Gardner and H.-N. Jabbour. « Human Reproduction » (publié en ligne).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature