Le VIH entre vos mains

Publié le 26/11/2010
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?Chaque 1er décembre, c’est l’heure du bilan et des résolutions. La 22e édition de la Journée mondiale de lutte contre le sida ne fera pas exception en France. Avec son cinquième plan national de lutte contre le SIDA, rendu public le 4 novembre, le ministère de la Santé s’est fixé des objectifs très ambitieux pour les 5 ans à venir : réduire de 50 % l’incidence de l’infection par le VIH et du SIDA, de moitié la proportion de personnes découvrant leur séropositivité au stade SIDA et de 20 % la mortalité. Pour y parvenir, une mesure phare : offrir le dépistage à l’ensemble des 15-70 ans. Et les manettes seront confiées prioritairement aux généralistes.

Longtemps laissée de côté pour son rapport coût-efficacité jugé insuffisant, l’extension du dépistage à la population générale s’impose désormais en raison du nouveau visage de l’épidémie en France. Car les dépistages ont lieu à un stade trop tardif, le tiers des patients étant pris en charge au stade Sida. Diagnostiqués tardivement, ils encourent un risque de décès accru. Et ce retard au diagnostic touche particulièrement les populations estimées « non à risque », hétérosexuels, personnes vivant en couple, femmes migrantes... On n’oubliera pas non plus le tiers des personnes infectées en France, qui ignorent leur statut ou ne sont pas suivies. « L’ignorance est la mère de tous les maux », disait Rabelais, qui comme chacun sait était médecin. Aphorisme malheureusement toujours d’actualité?! Les individus ignorant leur séroposivité ayant 2 à 3 fois plus de probabilité de ne pas prendre de précautions, ils sont à l’origine de 7 contaminations sur 10...

Si la connaissance de sa séropositivité présente un intérêt individuel direct en terme de survie – faut-il le rappeler, le sida est devenu une maladie chronique –, elle présente donc aussi un intérêt collectif majeur. Une toute récente étude vient en effet de montrer que le taux de transmission par voie sexuelle est réduit de 92% chez les patients sous antirétroviraux ! Cette nouvelle stratégie de dépistage s’impose désormais. Tant mieux. La nouvelle secrétaire d’Etat à la Santé, le Dr Nora Berra, ne s’y trompe en pas en appelant dans ces colonnes, à la participation active des médecins généralistes. Dépister le VIH ? Cela concerne le bien de chacun, mais au bénéfice de tous.

Dr Linda Sitruk, rédactrice en chef FMC

Source : Le Généraliste: 2544