APPARUE il y a une dizaine d'années outre-Atlantique, l'échographie à visée non médicale « connaît depuis ces derniers mois un très net engouement en France », souligne dans un communiqué l'Afssaps, qui, après consultation de la Commission nationale de matériovigilance, « déconseille » aux femmes enceintes de se laisser tenter. Il y a quelque mois, l'Académie de médecine, saisie par l'Ordre, avait déjà exprimé « les plus extrêmes réserves » vis-à-vis de ces nouvelles pratiques (« le Quotidien » du 7 octobre 2004). L'échographie médicale (trois échographies de dépistage sont proposées à la femme enceinte), oui, l'échographie commerciale ou « baby-marketing », non. Tel était le message des académiciens, qui ne sont pas toutefois prononcés pour une interdiction. Aux Etats-Unis, la FDA a émis, elle aussi, un avis défavorable.
En l'absence de restriction à la vente des dispositifs médicaux d'échographie et compte tenu de la réglementation actuelle, l'agence demande aux fabricants et aux distributeurs de porter à la connaissance de tout acquéreur une recommandation dans laquelle elle préconise, à titre de précaution, de réserver les matériels en question à un usage médical. Elle publie en outre un document d'information destiné aux patients et à leur famille sur les risques liés à l'échographie à usage non médical.
Exposition prolongée.
Les « examens échographiques faits au cours de la grossesse, à titre médical, n'ont entraîné à ce jour aucune complication décelable et ne semblent comporter aucun effet biologique néfaste, indiquait l'an dernier l'Académie de médecine. Il n'en reste pas moins, ajoutait-elle, que persiste un risque potentiel, tout rayonnement ayant des effets biologique sur les tissus ». Sept mois et demi plus tard, l'Afssaps réitère l'avertissement.
« Dans le cadre d'une échographie dite de complaisance, il est nécessaire d'exposer en continu aux ultrasons des parties localisées du fœtus (profil, face, organes génitaux, par exemple), écrit l'agence. La recherche de la qualité picturale maximale, ainsi que le désir de faire partager l'image à l'ensemble de la famille et aux proches peut amener à prolonger cette exposition statique. Dans ce cas, les conditions d'exposition fœtale sont, par nature, différentes de celles de l'exposition médicale, et cela, quel que soit le matériel utilisé, la formation ou la compétence du manipulateur. »
Lors d'une échographie, des ondes ultrasonores haute fréquence envoyées par une sonde sont réfléchies par les différents tissus à l'intérieur du corps, ce qui permet d'en reconstruire une image. Elles produisent des effets thermiques et mécaniques, qui sont d'autant plus importants que le faisceau d'ultrasons est focalisé en un point précis, que sa puissance est élevée ou que le temps d'exposition augmente. En conséquence, si, pour l'échographie à but diagnostic, le rapport bénéfice-risque est favorable au foetus - à ce jour « aucun effet secondaire n'a été démontré » -, avec l'échographie-souvenir « le risque peut être majoré sans qu'il n'y ait de bénéfice pour la santé ».
* Ces documents sont disponibles sur le site de l'Afssaps : www.afssaps.sante.fr.
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