Au musée d’Orsay, l’oeuvre du Danois Willumsen

L’éclat de la lumière et les secrets de l’ombre

Publié le 11/07/2006
Article réservé aux abonnés
1276199755F_Img234651.jpg

1276199755F_Img234651.jpg

VOICI une manifestation d’une grande richesse, qui se propose de faire découvrir une centaine d’oeuvres éclatantes de ce singulier peintre danois, dont la carrière fut particulièrement longue. Ses créations foisonnantes embrassent de nombreux styles, écoles et périodes. Willumsen, dont la curiosité fut insatiable, se livra à de multiples techniques, la peinture bien sûr, mais aussi la sculpture, l’architecture, la céramique, la gravure et la photographie.

A ses débuts, marqués par un style naturaliste et imprégnés d’une inspiration antique, succède bientôt une peinture influencée dans les années 1890 par Gauguin et les Nabis, Vallotton, le cloisonnisme et le synthétisme (Willumsen fréquenta beaucoup la France lors de nombreux séjours à Paris et en Provence durant lesquels il se lia d’amitié avec les peintres).

Les formes sont rythmées, dansantes, disposées en aplats et soulignées d’un cerne ; les lignes sont souples, dynamiques et simplifiées ; les compositions sont marquées par une « écriture » décorative, très esthétique, aux accents symbolistes (« la Fourmilière », « Deux Bretonnes sur la rue », « Châtaigniers »). L’âme nordique habite constamment l’oeuvre de Willumsen, comme en témoigne entre autres le célèbre et magistral Jotunheim (1892-1993), immense paysage quasi mythologique à la Friedrich, représentant des montagnes norvégiennes et dont les éléments du cadre (bas-reliefs allégoriques) furent conçus par l’artiste lui-même. Les toiles déploient de grandes étendues de terres virginales et des paysages purs. Une puissance se dégage de cette nature triomphante, souvent tourmentée, aux cieux chaotiques, aux océans démesurés, aux montagnes imposantes. Les couleurs sont vives, la lumière volontiers argentée et magnétique.

A mesure que le temps passe, l’oeuvre est marquée par un souffle expressionniste. Le peintre s’inspire du Greco, de ses couleurs intenses et de ses déformations et distorsions exacerbées (voir l’étonnante « Soupe du soir » de 1918). Willumsen multiplie les audaces, les pointes de modernité, les clins d’oeil. Ou bien il sait se faire contemplatif (superbe « Enfants se baignant sur la plage de Skagen », 1909). Mélancolie, sensibilité, mystère, grâce… Une oeuvre solaire avec ses parts d’ombres. Un artiste au formidable tempérament. A découvrir absolument.

« Willumsen, du symbolisme à l’expressionnisme ». Musée d’Orsay, 1, rue de la Légion-d’Honneur, Paris 7e. Tél. 01.40.49.48.00. Tlj sauf lundi, de 9 h 30 à 18 h (le jeudi jusqu’à 21 h 45). Entrée : 7,5 euros (TR : 5,5 euros). Jusqu’au 17 septembre. Catalogue, 272 pages, éditions RMN, 48 euros.

> DAPHNE TESSON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7994