« C’est une très belle étape dans la compréhension du cancer de l’endomètre, s’exclame pour « le Quotidien » le Pr Émile Daraï, chirurgien gynécologue à l’hôpital Tenon, Paris, et principal auteur d’une étude multicentrique française sur l’intérêt du ganglion sentinelle (GS) dans les tumeurs I-II de la classification FIGO. Le ganglion sentinelle a toutes les chances d’améliorer la prise en charge des patientes ayant un cancer à risque faible ou intermédiaire, alors que la lymphadénectomie classique est récemment remise en cause. »
La technique apparaît comme le compromis idéal entre la lymphadénectomie systématique et l’absence de curage. Plus encore, la technique spécifique du GS, c’est-à-dire l’ultrastadification associée à l’immunohistochimie, se révèle être plus performante. Le ganglion sentinelle permet de détecter ainsi 11 à 15 % des micrométastases passées inaperçues à l’anapath traditionnelle. « Or, la présence de micrométastases est un facteur important de récidive pelvienne et à distance, précise le spécialiste. Cet élément détermine la décision médicale concernant la nécessité d’un traitement adjuvant, radio- ou chimiothérapie. Le ganglion sentinelle donne l’information sans augmenter les risques de lymphœdème et de lymphœcèle. »
Neuf centres français participants ont inclus 133 patientes ayant un cancer de l’endomètre au stade I-II de la classification FIGO. Pour chacune des patientes, la procédure consistait à extraire le GS visualisé après injection au bleu, puis à compléter la lymphadénectomie pelvienne. Le ganglion sentinelle était analysé en coupes sériées avec immunohistochimie, les autres ganglions à l’aide de la technique traditionnelle. La valeur prédictive négative du GS s’est révélée de 100 %, sa sensibilité de 100 %.
« Si le GS révèle une micrométastase a posteriori, il y a peu de risque pour que d’autres ganglions soient envahis, précise le chirurgien. Il n’y a donc pas d’indication à compléter le curage. Cette information va peser en revanche dans le choix du traitement adjuvant. » À noter que si une macrométastase est détectée d’emblée à l’extemporané, la conversion vers la lymphadénectomie est réalisée dans ce cas en cours d’intervention.
Les choses bougent beaucoup dans le cancer de l’endomètre depuis quelques années. « L’INCa s’est prononcé cette année en faveur de l’abandon de la lymphadénectomie systématique dans les stades précoces, explique le Pr Daraï. Le Pr Querleu, co-auteur, et moi-même, qui avons fait partie du groupe de travail, allons faire appel pour que nos données soient prises en compte dans les recommandations à l’avenir. »
« The Lancet Oncology », publié en ligne le 12 avril 2011. DOI:10.1016/S1470-2045(11)70070-5.
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