SUR LES 34 % d'adolescents qui se déclarent somnolents, un tiers présente même une somnolence pathologique, si l'on en croit un sondage réalisé par la Sofres selon les critères de l'échelle d'Epworth*. Et seulement un sur dix en a parlé à son médecin. Ces résultats font dire aux spécialistes que le sommeil est un problème de santé publique, en particulier chez les plus jeunes, à prendre en compte au même titre que la nutrition ou la lutte contre le tabac.
« La somnolence en elle-même est rarement un motif de consultation. L'adolescent considère qu'elle est normale et il faut vraiment qu'elle ait un énorme retentissement pour qu'il en parle à un médecin », souligne le Dr Sylvie Royant-Parola, présidente du Syndicat de la médecine du sommeil et de la vigilance. Les conséquences sont pourtant importantes en termes d'absentéisme scolaire et de capacité de concentration.
Que disent exactement les adolescents sondés ? Malgré une « bonne nuit », 55 % d'entre eux sont somnolents dans la journée au moins une fois par semaine, 20 % sont somnolents au moins trois fois par semaine, 26 % ne le sont jamais. Dans les deux tiers des cas, la somnolence varie selon le moment de l'année et prédomine en automne et en hiver, probablement en raison du rôle de la lumière.
Dette de sommeil.
La somnolence est d'abord liée au manque de sommeil. Les adolescents estiment eux-mêmes leur besoin à un volume important : 9 h02 en moyenne. Seul un petit tiers pense avoir besoin de 8 heures ou moins. Le problème est que la quantité de sommeil est inégalement répartie dans la semaine : 70 % des adolescents contractent une dette de sommeil entre le lundi et le vendredi. Ils se rattrapent ensuite par un décalage important du lever le week-end. En moyenne, les grasses matinées durent jusqu'à 10 h 21 alors que le réveil sonne à 6 h 46 les jours de classe. Une majorité des jeunes souhaiterait d'ailleurs que les cours commencent un peu plus tard.
Ces décalages sont liés à des modifications biologiques et hormonales, mais aussi à une mauvaise hygiène de vie avec un coucher tardif à cause du travail, de la télé, des jeux vidéo, d'Internet, du téléphone et des sorties. « Quand ces modifications deviennent des troubles gênants et persistants, elles incitent à rechercher des difficultés psychologiques personnelles et/ou familiales, même s'il n'y a pas de profil psychologique type associé aux troubles du sommeil. Il faut aussi s'interroger sur les consommations de boissons excitantes, d'alcool, de drogues, d'anxiolytiques ou d'hypnotiques », précise le Dr Marie-Françoise Vecchierini, présidente de la Société française de recherche sur le sommeil.
La somnolence est également liée à l'insomnie, qui toucherait 37 % d'entre eux (avec une prédominance de filles), au stress, à l'anxiété, à la déprime et aux traitements pris en continu pour les combattre. Un adolescent sur dix piocherait ainsi régulièrement dans l'armoire à pharmacie familiale. Une donnée inquiétante qui rappelle qu' « il est essentiel d'agir mais que l'action doit se situer en amont, dans le cadre de la prévention », selon le Dr Royant-Parola. A Paris, une exposition sur le sommeil sera organisée à la Maison des adolescents-Maison de Solenn à partir du 23 mars.
Une opération portes ouvertes aura lieu le jeudi 17 mars dans 40 centres du sommeil de 34 villes. Au même titre que les années précédentes, le public pourra s'informer, assister à des conférences thématiques et avoir des échanges avec les médecins spécialistes du sommeil.
* Sondage réalisé par téléphone sur 502 adolescents âgés de 15 à 19 ans, échantillon national représentatif de cette cible dans la population française, entre le 4 et le 16 février, 2005 par la Sofres.
Portes ouvertes et outils pratiques
La Journée nationale du sommeil, c'est une opération portes ouvertes, le jeudi 17 mars, dans quarante centres du sommeil de trente-quatre villes.
A cette occasion, l'Institut du sommeil et de la vigilance publie deux nouveaux outils. Tout d'abord, un ouvrage collectif très complet, « Sommeil : un enjeu de santé publique ». « Ce Livre blanc est destiné principalement à attirer l'attention des pouvoirs publics sur le sommeil et ses pathologies qui apparaissent aujourd'hui très insuffisamment pris en compte en termes d'éducation, de prévention et de soins », souligne le Dr Patrick Lévy, président de l'ISV.
Pour faciliter le dialogue entre les médecins et les patients, un « Passeport pour le sommeil » a également été édité. Il explique ce qu'est le sommeil, comment bien dormir, et quels sont les signes qui doivent alerter et amener à consulter. On peut le télécharger sur le site :www.institut-sommeil-vigilance.com.
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