Grâce à l’IRM, on peut apprécier les effets de la dépression sur le fonctionnement et la structure du cerveau au cours et au décours de la maladie. “On sait ainsi depuis quelques années qu’il existe dans la dépression une diminution des capacités d’activation des régions antérieures du cerveau, frontales notamment, c’est-à-dire celles qui interviennent dans le contrôle des informations” explique le Dr Jean-Luc Martinot (Service Frédéric Joliot à Orsay et Maison de Solenn à Paris).
On a par ailleurs étudié l’éventualité d’une modification de la structure du cerveau associée à cette modification de l’activité, en mesurant la quantité de matière grise et blanche. On a constaté qu’effectivement, dans les régions frontales inférieures ou temporales internes (qui font partie du système limbique), traditionnellement impliquées dans le traitement des émotions, les quantités de matière grise sont moindres, particulièrement quand la dépression est résistante aux médicaments malgré une large prise en charge.
Avec l’IRM de diffusion, on observe que même chez les répondeurs, devenus euthymiques donc, il persiste des anomalies de la substance blanche : plus précisément, les fibres des faisceaux qui relient les régions frontales basales et limbiques, sont plus nombreuses, un peu comme si des “autoroutes“ plus larges existaient entre ces différentes régions.
Une explication à la réponse ou non de la stimulation magnétique
En outre, chez les mêmes patients euthymiques étudiés en IRM fonctionnelle, il a été mis en évidence une hyperréactivité de régions frontales et sous-corticales à des visages représentant des émotions. Une déviation de la microstructure anatomique des fibres blanches entre ces régions régulant les émotions serait donc l’indice d’une sensibilité émotionnelle plus grande persistant au décours de l’épisode dépressif. Des données qui permettent de mieux comprendre les raisons de l’efficacité (ou de la non-efficacité) de la nouvelle technique de stimulation magnétique : la présence d’anomalies ou de déviations structurales dans ces régions augure en effet d’une efficacité réduite. Et cette nouvelle approche change aussi le regard porté sur les déprimés ne répondant pas aux prises en charge.
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