LE COLLOQUE de rentrée du Collège de France tient chaque année de la gageure puisque le sujet doit être transversal et faire appel aux différentes disciplines enseignées par les professeurs. « L’homme artificiel au service de la société », le titre n’est pas idéal, l’organisateur en convient, mais il s’agissait de rassembler « tout ce qui peut être fait par l’homme pour l’homme afin d’améliorer ses conditions de vie, notamment en cas de handicap».
Les historiens introduiront le sujet en rappelant les mythes antiques de créatures artificielles, où le dieu Héphaïstos construisait des corps de servantes pour avoir des esclaves parfaits, où Dédale fabriquait des statues animées de dieux pour les rendre plus présents… Un mythe qui a perduré au fil des siècles avec les automates de Vaucanson et les robots humanoïdes chers à Isaac Asimov et aujourd’hui au catalogue de constructeurs japonais comme Sony ou Honda.
Le colloque fera le point sur la main artificielle, le sang synthétique, le rein artificiel, la thérapie génique et la synthèse de gènes, et même le médecin électronique. Celui qui peut bénéficier de l’aide à la décision apportée par l’informatique et de simulations numériques pour la préparation d’une opération par exemple.
Le thème de la restauration des fonctions sensorielles et motrices se retrouve sous les feux de l’actualité avec des annonces récentes (voir encadré) : vision, audition, commande de membres artificiels ou transmission de la pensée de l’homme à un ordinateur.
Président d’honneur du comité d’éthique, Jean-Pierre Changeux a tenu à ce que le colloque s’achève sur les questions de société, comme l’insertion des handicapés dans la cité ou la cohabitation hommes-machines au travail. Vivre avec une prothèse n’est pas non plus chose simple. Jean-Pierre Changeux rappelle les protestations des associations de sourds quand on a voulu installer des implants sur certains enfants. Allait-on les empêcher d’apprendre le langage des signes ? La bionique ne peut-elle pas faire craindre pour les libertés ?
Jean-Pierre Changeux a également demandé au pédiatre Aldo Naouri une conférence sur « les enfants et le virtuel électronique ». Une communication qu’il attend avec impatience car il se désole de voir son petit-fils happé par sa console de jeu.
« L’homme artificiel au service de la société », jeudi 12 de 9 h à 18 h, vendredi 13 de 9 h 30 à 18 h 30, Collège de France, 11, place Marcelin-Berthelot, 75005 Paris, www.college-de-france.fr. Entrée libre sans inscription.
Les signaux de la pensée
Après des essais concluants sur les primates, les chercheurs de l’université canadienne d’Alberta et de la société américaine Cyberkinetics sont passés à l’homme il y a deux ans. Un capteur cérébral, le Braingate, a été testé sur plusieurs patients tétraplégiques, dont l’un, Matthew Neagle, a fait, en juillet dernier, la une de la revue « Nature ». Il ouvre, par exemple, ses mails sur son ordinateur en pensant cette action. Une minuscule puce équipée de 100 électrodes a été implantée dans son cerveau. Elle enregistre l’activité des cellules engendrée par l’idée de mouvement. Les signaux sont transmis à un processeur interne qui les convertit en instructions pour déplacer un curseur sur un écran d’ordinateur.
Les signaux de la pensée
Après des essais concluants sur les primates, les chercheurs de l'université canadienne d'Alberta et de la société américaine Cyberkinetics sont passés à l'homme il y a deux ans. Un capteur cérébral, le Braingate, a été testé sur plusieurs patients tétraplégiques, dont l'un, Matthew Neagle, a fait, en juillet dernier, la une de la revue « Nature ». Il ouvre, par exemple, ses mails sur son ordinateur en pensant cette action. Une minuscule puce équipée de 100 électrodes a été implantée dans son cerveau. Elle enregistre l'activité des cellules engendrée par l'idée de mouvement. Les signaux sont transmis à un processeur interne qui les convertit en instructions pour déplacer un curseur sur un écran d'ordinateur.
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