LES SYNDICATS n'ont pas manqué de saluer le « virage à 90 degrés » de Jean-Pierre Raffarin, qui a décidé de rouvrir les négociations salariales dans la fonction publique trois jours après la grève nationale très suivie du 10 mars.
Sans se prononcer sur le bien-fondé de cette décision, la Fédération hospitalière de France (FHF), qui représente l'ensemble des hôpitaux publics, se montre moins enthousiaste. Les hôpitaux, déjà dans le rouge, son incapables d'assumer une nouvelle revalorisation salariale dans le contexte que l'on sait de rigueur budgétaire, s'inquiète la fédération.
La FHF a fait son calcul : à l'hôpital, une hausse de 1 % du traitement des salariés à partir du 1er juillet prochain entraînera une dépense supplémentaire de 165 millions d'euros. Soit, pour la fonction publique hospitalière, un surcoût de 330 millions d'euros en année pleine. Pour la fonction publique d'Etat, ce surcoût serait de 820 millions d'euros et de 300 millions d'euros pour la fonction publique territoriale.
Pas tenable.
A supposer que les fonctionnaires hospitaliers décrochent 1 % d'augmentation, comment trouver cet argent ? La FHF se le demande. Les charges seraient alors mécaniquement augmentées de 0,35 % en 2005. Il y a toujours la possibilité d'en reporter une partie sur l'exercice suivant. Mais, fait remarquer Yves Gaubert, « le report de charges a des limites : il y a un moment où les fournisseurs ne peuvent plus accepter de délai supplémentaire ». Pour le responsable des finances à la FHF, c'est bien simple : « Une augmentation de 1 % n'est pas tenable. »
Le ministère de la Santé rappelle que des marges de manœuvre existent. Les hôpitaux sont tenus, par exemple, de réaliser 150 millions d'euros d'économie cette année sur leurs achats. Un objectif peu réaliste, pour la FHF : « Bien sûr que l'on peut faire des économies, sur l'achat des ordinateurs, par exemple, admet Yves Gaubert . Mais l'objectif qu'on nous fixe ne tient pas compte de la réalité des dépenses hospitalières. Ce n'est pas nous qui fixons les cours du gaz et de l'électricité. Or l'énergie est un très gros poste de dépenses. Le coût de nos assurances progresse de 50 %. Et 68 % de nos dépenses, c'est le personnel. »
Du coup, dilemme : faut-il envisager une compression d'effectifs en cas d'augmentation salariale sans rallonge budgétaire ? Délicate décision, que ne souhaite pas prendre la FHF : « Diminuer le personnel, c'est prendre le risque de diminuer l'activité. On est partagé entre la nécessité d'assurer l'équilibre économique, et celle d'assurer la sécurité et la qualité des soins », déclare le responsable des finances de la Fédération .
Pour Didier Bernus, secrétaire de la fédération FO Santé, la solution passera « inévitablement par un ajustement de l'Ondam », l'objectif national des dépenses d'assurance-maladie. Didier Bernus se rendra le 22 mars au ministère de la Fonction publique, date retenue pour l'ouverture des négociations salariales dans la fonction publique, avec deux requêtes. « On demande le maintien de notre pouvoir d'achat en 2005, soit une hausse de 1,8 % de nos salaires, comme l'inflation. On demande aussi que soit résorbée la perte de pouvoir d'achat que les fonctionnaires hospitaliers ont accumulé entre 2000 et 2004, soit 5 %. »
La dernière hausse salariale des fonctionnaires remonte au 1er février 2005 ; ils ont obtenu + 0,5 %, la même revalorisation que celle qui leur avait été accordée au 1er janvier 2004. En 2003, en revanche, ils n'ont rien eu du tout. « Discuter de notre pouvoir d'achat est pour nous une priorité absolue, insiste le syndicaliste FO. Il ne faut pas qu'on nous oppose l'insuffisance des budgets hospitaliers pour justifier la non-augmentation de nos salaires. »
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