Surinfections, formes neurologiques

Les enfants hospitalisés pour une complication de varicelle

Publié le 03/09/2006
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Des chiffres

Aux Etats-Unis, la mise en route d’une vaccination universelle a eu comme conséquence une importante diminution des hospitalisations pour cette affection et une quasi-disparition de sa mortalité.

En France, chaque année, environ 700 000 cas de varicelle sont recensés avec une incidence estimée de 1 000 pour 100 000 personnes (source Sentiweb). La varicelle touche principalement le sujet de moins de 20 ans (95 %) avec un âge médian de 4 ans. Les données Pmsi indiquent qu’environ 3 500 patients, dont 75 % d’enfants de moins de 15 ans, seraient hospitalisés chaque année dans un contexte de varicelle. Enfin, la varicelle serait responsable de 15 à 25 décès par an, principalement chez l’adulte.

Un observatoire en France

Afin de mieux préciser le poids de l’hospitalisation pour varicelle en France chez l’enfant et ses complications, un observatoire des varicelles hospitalisées a été créé en mars 2003 sous l’impulsion du Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (Gpip) de la Société française de pédiatrie avec le support financier des Laboratoires Aventis Pasteur MSD et le support technique et logistique de l’Association clinique et thérapeutique infantile du Val-de-Marne (Activ).

Les premiers résultats portant sur 18 mois de surveillance ont été rapportés en 2004. Pendant la période de l’étude, 150 services de pédiatrie sur les 200 de l’observatoire ont rapporté 1 197 cas de varicelles hospitalisées, dont 2,2 % en soins intensifs ou en réanimation. L’âge moyen de la population est de 2,3 ans (de 1 jour à 17 ans). Un pic principal est observé dans la population des moins de 1 an (28,7 %) avec une diminution régulière jusqu’à l’âge de 7 ans. La majorité des patients hospitalisés n’a aucun terrain considéré comme à risque de varicelle sévère ; seulement 8,4 % étaient soumis à un traitement sous corticoïde ou immunosuppresseur. La fièvre est présente dans 67,7 % des cas. Elle est élevée dans 41,3 % des cas, prolongée (> 3 jours) dans 17,5 % des cas. La varicelle est considérée comme extensive dans 13,6 % des cas et hémorragique dans 1 % des cas.

La contamination est principalement familiale avant 1 an et d’origine scolaire à l’âge de 3-4 ans.

Surinfections

L’identification d’une complication de la varicelle est le premier motif d’hospitalisation (84,2 % des motifs d’admission). Les surinfections représentent 45,9 % des cas ; elles sont principalement cutanées avec des dermo-hypodermites (25,1 %), des abcès (7,4 %), des lésions nécrotiques (4,7 %), un syndrome de la peau ébouillantée (2,1 %) et une fasciite nécrosante (0,7 %). Les autres surinfections sont des surinfections pulmonaires présumées bactériennes (3,3 %), des épanchements pleuraux associés (0,7 %), des chocs (0,8 %), des arthrites présumées bactériennes (1,4 %) et des ostéomyélites (0,7 %). Les principaux agents infectieux retrouvés sont le staphylocoque doré puis le streptocoque A. La prise d’Ains est plus fréquente chez les sujets présentant une surinfection (30,2 % pour 10,2 % chez les patients présentant une autre complication) ; 33,3 % des patients présentant une surinfection de la peau et des tissus mous ont pris des anti-inflammatoires non stéroïdiens et 23,7 % présentant une varicelle extensive ont également pris un produit de ce type.

Formes neurologiques

Le second groupe de complications les plus fréquentes concerne des formes neurologiques (16 %) : convulsions fébriles (8,2 %), cérébellites (5,6 %), encéphalites (1,5 %), névrites et thrombose cérébro-vasculaire (1 cas). Les convulsions fébriles surviennent principalement entre 1 et 3 ans, alors que les autres complications neurologiques n’apparaissent significativement qu’après l’âge de 3 ans.

Les autres complications représentent 24 % de l’ensemble des complications et sont d’ordre respiratoire, hématologique et hépatique.

L‘évolution est favorable dans 96 % des cas. Trente-huit enfants présentent des séquelles, essentiellement des cicatrices, et 6 sont décédés (5 décès probablement en rapport avec un choc infectieux ou toxinique et 1 au cours d’un syndrome néphrotique chez un enfant de 15 ans).

La prise d’Ains qui a été fréquemment retrouvée, comme dans d’autres études, ne permet pas néanmoins de conclure en faveur d’une relation de causalité. La prudence reste cependant de mise et légitime les recommandations de l’Afssaps de 2004.

Vaccination

L’expérience américaine de vaccination universelle avec un schéma à une seule dose a montré l’impact positif important de cette stratégie sur la gravité de la varicelle et de ses complications, y compris les surinfections, par une réduction majeure des admissions et de la mortalité. La stratégie française actuelle est la vaccination ciblée des sujets à risque, peu représentés parmi les patients identifiés dans l’observatoire. La perspective de l’arrivée prochaine des vaccins combinés rougeole-oreillons-rubéole-varicelle conduira peut-être à reconsidérer cette stratégie. Dans cette hypothèse, la surveillance des complications de la varicelle par le biais de cet observatoire devra être poursuivie pendant plusieurs années afin d’évaluer l’impact des stratégies de prévention.

D’après la communication de E. Grimprel lors de la 9e session des Entretiens de pédiatrie et de puériculture 2006.

> Dr BRIGITTE VALLOIS

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8000