LE TABAGISME passif tue. « Disons-le clairement » était le slogan de la journée mondiale sans tabac de l’année 2001. Il entraîne la mort de 2 500 personnes non fumeuses chaque année. Avec 9 millions de fumeurs sur les lieux de travail, ce sont autant de victimes potentielles qui risquent de contracter diverses maladies liées à la respiration régulière de gaz toxiques présents dans la fumée de cigarette. Une réalité inscrite dans le plan Cancer, fer de lance de la politique de santé du président Jacques Chirac lancée en 2003. Selon un sondage Ipsos réalisé en juillet 2005, 80 % des salariés préfèrent travailler dans un environnement sans fumée de tabac. Malgré ces résultats plutôt encourageants, il semble que la loi Evin de 1991 peine à se faire respecter, comme le montre la dernière étude Ipsos, réalisée en avril 2006 auprès de 404 dirigeants d’entreprise pour le compte de Pfizer Santé Grand Public.
Perceptions et attentes.
L’approbation de la loi antitabac dans le cadre de l’entreprise semble faire l’unanimité, aussi bien auprès des salariés qu’auprès des dirigeants (89 % considèrent qu’il est de leur responsabilité de garantir un environnement de travail sans fumée de tabac pour tous leurs employés). Au vu de ces résultats, on aurait pu penser que l’image d’Epinal des bureaux pollués par la cigarette partirait en fumée. Il n’en est rien, comme l’indique Edouard Lecerf, directeur général d’Ipsos Public Affairs : «Il existe un décalage entre la loi antitabac et son application dans les entreprises. Seulement 77% des dirigeants d’entreprise déclarent qu’il est interdit de fumer sur les lieux de travail et 23% affirment qu’il n’y a aucune interdiction.» Plus grave, parmi ceux qui affirment qu’il est interdit de fumer dans leur entreprise, 21 % admettent que l’interdiction n’est appliquée qu’en partie, et 7 % qu’elle n’est pas vraiment appliquée. Au final, ce sont 45 % des dirigeants d’entreprise qui appliquent mal l’interdiction de fumer dans leur entreprise.
Les raisons de cette mauvaise application de la loi ? La majorité des dirigeants évoquent des raisons techniques. Seulement 56 % pensent avoir les capacités matérielles et financières de garantir un environnement sans tabac à leurs employés, contre 41 % qui jugent le contraire. Mais la situation devient alarmante lorsque 20 % déclarent n’en avoir pas du tout les capacités. La peur d’un éventuel mécontentement des fumeurs et de conflits au sein de l’entreprise est la deuxième raison évoquée. A noter que cette crainte n’est pas partagée par 74 % des employeurs. Enfin, seulement 12 % des dirigeants qui n’appliquent pas la loi dans leur entreprise estiment que le risque qu’un ou plusieurs des salariés portent plainte contre eux pour non-respect de la législation est important, ce qui révèle un manque d’information.
Rôle du médecin du travail.
Considérée comme une bonne solution pour parvenir à faire appliquer la législation dans l’entreprise, l’aide au sevrage des employés ne fait pas l’unanimité des dirigeants et le rôle du médecin de travail en matière de sevrage semble discuté. Seulement 4 % ont déjà mis en oeuvre des actions d’aide au sevrage tabagique dans leur entreprise et une majorité (55 %) estime que ce n’est pas de sa responsabilité. La réticence est plus forte dans les petites structures (59 % dans les entreprises de 10 à 59 salariés) et le secteur de l’industrie (68 %).
Une fois encore, l’enquête met en évidence le manque de connaissances : 6 % des entreprises qui n’ont pas mis en place d’aide au sevrage tabagique ignorent l’existence d’organismes, d’entreprises et d’associations susceptibles de les aider à devenir Entreprise Sans Tabac et 3 % pensent que le coût en serait trop élevé. Toutefois, près d’un dirigeant sur deux serait prêt à s’informer sur la législation en vigueur sur le tabac en entreprise et 37 % souhaiteraient connaître les formations envisageables pour le médecin du travail en matière de sevrage tabagique.
«Autant d’initiatives qui devraient à la longue permettre de protéger les salariés des méfaits du tabagisme passif, d’aider les fumeurs à s’arrêter et surtout de participer à la dénormalisation du tabac», estime Emmanuelle Béguinot, directrice du Cnct (Comité national contre le tabagisme).
Informations : www.entreprise-sans-tabac.fr, un nouveau site créé par Pfizer Santé Grand Public pour mettre à la disposition des entreprises une méthodologie et des outils pratiques d’accompagnement dans leur initiative de devenir « entreprise sans tabac ».
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