PLUS DE 3 000 étudiants ont défilé dans les rues de la capitale, mercredi, au rythme des cuivres et des percussions d'un orchestre survolté. Sur leurs blouses blanches, un slogan : « Externes en colère ». A l'appel de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), les carabins se sont déplacés en masse de nombreuses villes facultaires. Ils contestent la répartition programmée des postes d'internat offerts aux candidats des prochaines épreuves classantes nationales (ECN). Surtout, l'ouverture de 2 400 postes de médecine générale sur un total de 4 800 ne répond, selon eux, à aucune logique. « Nous souhaitons une nouvelle répartition des postes qui ne mette pas à mal l'équilibre du système de santé français », commente Guillaume Muller, en tête du cortège. Le président de l'Anemf demande au ministre de la Santé de tenir compte des conclusions de l'Observatoire national de la démographie des professions de santé (Ondps). Dans un récent rapport, il préconisait une répartition en faveur des spécialités (56 % à 44 %). Lors d'un déplacement à Strasbourg, Philippe Douste-Blazy a annoncé devant 500 étudiants qu'il n'envisageait pas de revoir cette répartition (« le Quotidien » du 22 mars 2005).
« Pas envie de faire médecine générale ».
Dans le défilé mercredi, l'ambiance était bon enfant ; mais, derrière les sourires de façade, perçait une réelle inquiétude. Jean-Baptiste et François, en 6e année à Rouen, ont l'impression d'être les dindons d'une farce dont ils se seraient bien passés : « Nous passons les ECN dans deux mois et nous ne savons toujours pas combien de postes seront ouverts dans les spécialités qui nous intéressent », dit le premier. « Tout a déjà changé plusieurs fois, je ne vois aucune logique de santé publique dans ces orientations, mais des décisions politiques uniquement », poursuit le second. Pour Marie, externe à la Pitié-Salpêtrière, on fait bien peu de cas des étudiants en médecine : « Nous suivons six ans de formation pour un jour et demi de concours et deux minutes pour le choix d'une spécialité. Pour toute une vie professionnelle ». Les étudiants redoutent de ne plus avoir le choix de leur spécialité. « En montant le nombre de postes de médecine générale et en empêchant le redoublement, on veut obliger les étudiants à se tourner vers cette spécialité », estime Hélène, Lilloise, en 3e année. La médecine générale ? Une discipline à laquelle les étudiants en médecine sont très peu confrontés pendant leur cursus. Voila pourquoi ils demandent la mise en place d'un stage chez le praticien dès le 2e cycle afin de favoriser l'essor de vocations.
Venu se mêler à la manifestation, un interne de médecine générale dit qu'il comprend les craintes de ses collègues externes : « On ne peut pas leur en vouloir de redouter de faire médecine générale puisque cette discipline n'est toujours pas reconnue comme l'égale des autres spécialités. »
A Strasbourg, le ministre de la Santé a pris l'engagement de mettre en place « le plus vite possible » un stage de médecine générale en 2e cycle. Il s'est également prononcé pour le maintien de la procédure du choix de spécialité en amphithéâtre et s'est montré favorable à l'ouverture de discussions sur les modalités de redoublement en 6e année. Une délégation d'étudiants reçue au ministère de la Santé à la fin de la manifestation a pourtant reçu un tout autre message. « L'amphi de garnison devrait être organisé, mais nous n'avons pas obtenu satisfaction sur une nouvelle répartition des postes d'internat. Quant à l'organisation de stages de médecine générale dans le 2e cycle et les modalités de redoublement, on nous renvoit au ministère de l'Education nationale », commente Benjamin Soyer, porte-parole de l'association. Cette seule avancée suffira-t-elle à calmer les étudiants ?
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