DEPUIS CINQ ANS environ, un grand nombre de Nord-Américains qui souhaitaient perdre du poids adoptent un régime « low carb » (faible en glucides) dérivé du régime Atkins qui privilégie la consommation de lipides et de protéines et incite à diminuer celle des glucides. La tolérance à long terme de ce type de régime et en particulier ses conséquences cardio-vasculaires posent question. La régime low carb s’accompagne en effet d’une majoration de la consommation des protéines et des lipides d’origine animale ; or on sait que ces aliments majorent généralement le taux de lipides circulants et, de ce fait, peuvent induire des lésions d’athérosclérose prématurée, voire de complications cardio-vasculaires.
En dépit de recommandations récentes des sociétés savantes, ce type de régime reste très populaire aux États-Unis. Afin d’établir les conséquences cardio-vasculaires à long terme de la baisse de la consommation de glucides accompagnée d’une majoration de celle des lipides et des protéines, une équipe de nutritionnistes et d’épidémiologiques a analysé, au sein de la cohorte Nurses’ Health Study mise en place en 1975, l’influence de la composition du régime alimentaire sur le risque de maladies du coeur ou des vaisseaux.
Choix personnel.
Les 121 7000 femmes âgées de 30 à 55 ans au moment de l’entrée dans l’étude ont répondu à un questionnaire semi-quantitatif sur leurs habitudes alimentaires en 1976, 1980, 1984, 1986, 1994 et 1998. En fonction des réponses, les investigateurs ont établi dix groupes prenant en compte la répartition quotidienne des calories entre glucides, lipides et protéines.
Dans le groupe « quantité de glucides la plus faible », la consommation quotidienne moyenne était de 116,7 g, alors qu’elle était de 234,4 g dans le groupe consommant le plus de glucides. Globalement, en 1990 – à l’issue d’un suivi moyen de dix ans –, les femmes qui consommaient le moins de glucides avaient plus tendance que les autres à fumer, leur consommation calorique quotidienne était moins élevée ; pourtant, l’indice de masse corporelle était majoré. Au cours des vingt années totales de suivi, l’indice de masse corporelle des femmes a augmenté de 2,5 unités et la composition alimentaire n’a pas semblé influer sur cette donnée.
Les auteurs signalent toutefois que «les femmes qui consommaient de faible quantités de glucides dans cette cohorte le faisaient par choix personnel et non dans un but d’amaigrissement». Ils signalent qu’aucune donnée sur le bilan lipidique des participantes n’est actuellement disponible et qu’il est donc difficile d’établir un lien entre la consommation en lipides et en protéines et une éventuelle majoration des lipides circulants.
Au total, pendant les vingt années de suivi, 1 994 cas de pathologies cardio-vasculaires ont été recensés. En prenant en compte l’ensemble des facteurs de risque des maladies cardio-vasculaires – et en particulier le tabagisme –, les auteurs concluent que la composition du régime n’influe pas sur le risque de pathologies cardiaques ou vasculaires.
Les bénéfices de l’origine végétale.
En analysant plus finement les sources de protéines et de lipides, les investigateurs ont découvert que, si ces aliments étaient majoritairement choisis en fonction de leur origine végétale, le risque de maladie cardio-vasculaire était abaissé par rapport à la population témoin. Enfin, une analyse en fonction de l’indice glycémique des aliments a permis d’établir un lien entre cet indice et le risque de maladies du coeur.
Pour les auteurs, «c’est plus l’indice glycémique que la quantité de glucides qui influe sur le risque cardio-vasculaire; il semblerait donc que l’effet des glucides soit lié à la fois à la quantité ingérée et à leur qualité propre en termes d’indice glycémique».
« New England Journal of Medicine », vol. 355 ; 19, pp. 1991-2002, 9 novembre 2006.
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