De notre correspondante
COMME le révèle un sondage TNS-Sofres réalisé pour « Décision Santé », les Français sont globalement très satisfaits de leur hôpital. Plus la pathologie est lourde, plus la satisfaction est forte (97 % de satifsfaits en cancérologie, par exemple).
Les professionnels de santé, en revanche, considèrent les délais d'attente pour un soin trop longs et la gestion du temps peu satisfaisante. Quatre-vingt-trois pour cent pensent que la pénurie de personnel posera des problèmes dans les prochaines années.
« Le système hospitalier français présente un paradoxe : classé à la deuxième place mondiale par l'OMS, il rencontre pourtant d'immenses difficultés à trouver l'équilibre entre ses moyens financiers et l'exigence d'accueil et de qualité des soins », constate le Pr Jean-Jacques Zambrowski.
Phénomène nouveau : la santé est devenue une question politique. « Sous l[212]effet des crises successives de la santé publique et des drames sanitaires, la santé est devenue une préoccupation incontournable, remarque Didier Tabuteau, ancien directeur de cabinet de Martine Aubry, alors ministre des Affaires sociales, et aujourd'hui directeur de la Fondation nationale des caisses d'épargne. Désormais, le Parlement s'est emparé des questions de santé. Les Français eux-mêmes aspirent à participer au débat démocratique sur la question. »
Une donne nouvelle dont il faut tenir compte pour la gouvernance du système de santé.
Vingt-septième réforme en soixante ans.
« De crise en crise, la population demande de plus en plus du système de soins, mais sans vouloir bourse délier, remarque pour sa part Claude Galametz, administrateur du CHU de Lille. Aujourd'hui, il est temps de poser la question aux Français : combien êtes-vous prêts à consacrer à la santé dans le budget de la nation ? »
Par ailleurs, poursuit-il, « la réforme en préparation sur l'hôpital est la vingt-septième en soixante ans. Preuve qu'il n'y a pas en France de gouvernance du système de soins ».
Un constat repris, de manière plus modérée, par Didier Tabuteau : « Nous sommes, dit-il, au milieu du gué.Ma crainte est qu'à force de poser la question de la gouvernance tous les deux ou trois ans la question de fond ne soit jamais réglée ! Il faudrait faire la pause des réformes, pour que le système retrouve une stabilité des régles .»
Pour les différents intervenants, l'implication des élus dans le champ de la santé est essentielle pour faire écho aux besoins de la population. « Les élus locaux sont des éléments déterminants pour mettre dans le coup les habitants d'une région, souligne le Dr Mohamed Abdelatif, directeur de l'union régionale des caisses d'assurance-maladie (Urcam). La réforme en cours va plutôt à contrecourant de ce mouvement. Les programmes régionaux de santé qui exprimaient les besoins ressentis sur le terrain ne sont plus, désormais, conçus dans la région, mais préparés à Paris pour la région. Cette centralisation très forte pour la gestion de la santé publique ne paraît guère satisfaisante. »
On le voit, la gouvernance du système de soins ne va pas sans poser de questions. Et les réformes qui se préparent pour l'hôpital laissent de nombreux acteurs dans l'expectative.
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