Les Français ne sont pas plus contaminés par les polluants que leurs voisins... à quelques substances près toutefois. Pour la première fois en France, une étude a mesuré les concentrations biologiques de métaux, pesticides et PCB (polychlorobiphényles) sur un échantillon représentatif de la population. Volet environnemental de l’Étude nationale nutrition santé (ENNS) réalisée en 2006- 2007, cette étude sur des substances chimiques présentes dans l'environnement ou l’alimentation a testé 42 biomarqueurs d’exposition présents dans l’alimentation ou l’environnement : au total, la présence de onze métaux, six polychlorobiphényles (PCB) et trois familles chimiques de pesticides (organochlorés, organophosphorés et pyréthrinoïdes) a été mesurée. Ces substances ont été dosés dans les prélèvements de sang, d’urine, ou de cheveux recueillis chez 2000 personnes habitant en France métropolitaine, sauf pour le mercure (365 personnes), les pesticides et PCB (environ 400 personnes). En outre, 1400 enfants âgés de 3 à 17 ans ont été inclus dans l’étude auprès desquels seul le mercure a été dosé.
Plus de mercure que chez les allemands
Premier constat, selon l’INVS (Institut national de veille sanitaire) qui publie une synthèse de cette étude, la population Française présente d’abord «des niveaux d’exposition globalement bas aux 11 métaux dosés», similaires en tout cas à ceux observés à l’étranger. Sur ce chapître, on retiendra que la plombémie dans le sang a baissé d’environ 60 % depuis l'étude 1995, ce qui est encourageant. Et que les niveaux de cadmium urinaire ne bougent guère et restent comparables à ceux d'autres pays d'Europe. La seule différence notable avec ces derniers concerne les concentrations de mercure dans les cheveux. On en relève davantage dans la chevelure de nos concitoyens que dans celle des Allemands et des Américains, mais moins que dans celles des Espagnols. Explication: l’écart dans la consommation de poisson dans ces pays, directement corrélée aux apports de mercure par alimentation.
Une seconde étude en 2012
L’étude renseigne aussi sur les niveaux de pesticides. Bon point pour les niveaux des pesticides organochlorés (DDT,lindane,...) qui sont globalement faibles. Toutefois une substance provenant du paradichlorobenzène, utilisé encore récemment comme antimite ou désodorisant dans les toilettes, est mesurée à des niveaux très supérieurs en France. Mention passable pour les niveaux de métabolites (produits de dégradation) des pesticides organophosphorés qui se situent entre ceux des Allemands et ceux des Américains. Mais résultats insuffisants en ce qui concerne les pesticides pyréthrinoïdes, utilisés larga manu chez nous, dans l’agriculture notamment, et dont les niveaux sont plus élevés que ceux observés aux États-Unis et en Allemagne. La même différence est observée avec ces deux pays pour les PCB.
Fort de ces premiers résultats, l’INVS lancera fin 2012 une enquête nationale de biosurveillance - incluant un volet chez les enfants - qui permettra de connaître les évolutions par rapport aux données de cette première étude tout en élargissant à une centaine de substances dosées. «Des polluants émergents ou appartenant à d’autres familles chimiques, comme les perturbateurs endocriniens, seront intégrés,» indique l’INVS.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature