LES MALADIES du foie connaissent une prévalence croissante dans les pays industrialisés. Si l'on connaît la prévalence élevée du virus de l'hépatite C (environ 1 % de la population française est infectée), celle du virus de l'hépatite B a été longtemps sous-estimée. Pourtant, selon les derniers résultats de l'Institut de veille sanitaire, 0,7 % de la population française serait infectée (février 2005). La prévention des complications mortelles de ces hépatites repose sur le traitement antiviral. Le traitement de l'hépatite B repose soit sur l'utilisation d'interféron alpha, soit sur l'utilisation d'inhibiteurs spécifiques de la multiplication du virus.
De nombreuses molécules en développement dans l'hépatite C.
Les nouvelles formes d'interféron « retard » (peginterféron) font preuve d'une efficacité accrue dans le traitement des hépatites B chroniques. Par ailleurs, de nouveaux inhibiteurs du VHB sont en voie d'enregistrement ou à des stades de développement plus précoces qui devraient permettre leur arrivée sur le marché dans les années à venir. Néanmoins, ces molécules peuvent être à l'origine de résistances, d'où l'intérêt d'études récentes, présentées au cours de ce congrès, qui montrent que l'utilisation de ces médicaments en association permet de prolonger notablement l'efficacité du traitement.
Le traitement de l'hépatite C est aujourd'hui fondé sur l'utilisation d'une combinaison d'interféron alpha pégylé et de ribavirine. Ce traitement permet d'obtenir la guérison dans environ 50 % des cas, mais aucune solution substitutive n'est aujourd'hui disponible en cas d'échec. De très nombreuses molécules sont en cours de développement et plusieurs d'entre elles font l'objet d'exposés au cours de ce congrès.
Stéato-hépatite non alcoolique.
Des travaux fondamentaux visant au développement d'approches vaccinales thérapeutiques sont également discutés.
Entité émergente, la stéato-hépatite non alcoolique (Shna) regroupe un ensemble de maladies du foie caractérisées principalement par une stéatose macrovésiculaire, en l'absence de consommation excessive d'alcool. Réputée bénigne, cette entité est de plus en plus fréquente et concerne désormais de10 à 20 % de la population générale. Divers facteurs, comme une alimentation trop riche en graisses, des anomalies du métabolisme et l'augmentation du nombre de personnes souffrant d'obésité en Europe occidentale, expliquent la progression des maladies potentiellement graves associées à des dérégulations métaboliques. La Shna représente le versant hépatique du syndrome métabolique. Sa progression est très variable selon les sous-groupes. La stéatose pure progresse rarement ; en revanche, la stéatofibrose est susceptible de progresser vers la cirrhose et le cancer (dans 15 % des cas).
Carcinome hépatocellulaire.
Malgré sa faible prévalence dans les pays développés, le carcinome hépatocellulaire est en constante augmentation. Ce cancer survient toujours, dans les pays occidentaux, sur un foie préalablement lésé et dans 90 % des cas environ chez des malades atteints de cirrhose. La bonne connaissance des facteurs de risque permet d'envisager un dépistage ciblé. Les principaux progrès proviennent du développement de traitements peu invasifs qui permettent la destruction complète de la tumeur sans exposer à un risque vital et sans altérer la fonction hépatique. Ce sont particulièrement le développement de la chirurgie laparoscopique et les techniques de destruction percutanée qui ont généré les progrès les plus importants. La radiofréquence est la technique actuellement la plus utilisée et la plus susceptible de développements à court terme. De gros progrès restent à accomplir en ce qui concerne les cancers avancés.
Bons résultats de la transplantation hépatique.
Enfin, en ce qui concerne la transplantation hépatique, dont le nombre atteint 50 000 en Europe à ce jour, les résultats sont de plus en plus satisfaisants : 90 % de survie à cinq ans lors d'une transplantation pour cirrhose virale B. Une nouvelle indication est représentée pour la cirrhose virale C ou B chez les patients infectés par le VIH (mais avec un taux de succès moins important). La transplantation pour petit carcinome hépatocellulaire (CHC) sur cirrhose donne d'excellents résultats en termes de survie sans récidive. Cependant, tous les patients ne peuvent y avoir accès et d'autres alternatives sont à envisager. La pénurie d'organes a conduit à développer ces dernières années la transplantation à partir de donneur vivant, d'adulte à adulte. Cette intervention donne d'excellents résultats et permet de réduire considérablement les délais d'attente de la transplantation.
Conférence de presse à laquelle participaient les Prs M. Levrero (secrétaire scientifique de l'Easl, Italie), J.-M. Pawlotsky (hôpital Henri-Mondor, Créteil), D. Samuel (hôpital Paul-Brousse, Villejuif), M. Beaugrand (hôpital Jean-Verdier, Bondy) et C. Trepo (hôpital Hôtel-Dieu, Lyon).
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