Théâtre

Les grandes personnes

Publié le 25/03/2011

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Deux vieux couples d’amis se réunissent dans un salon aux couleurs criantes, style année soixante-dix. Les uns ont réussi dans la vie, les autres non. Mais, comme pour se consoler, les « pauvres », ont eu la chance d’avoir un fils aimant, qui est devenu « l’instituteur », tandis que les nouveaux riches ont perdu leurs deux enfants : l’un a fui, l’autre est morte. Mais l’intrigue n’est pas aussi manichéenne : le fils aimant, instituteur, est pédophile. Etouffé par son statut de fils, son statut de « maître d’école », il est encagé vivant dans un rôle qui ne lui convient pas. Et personne ne l’autorise à ouvrir les portes de son cachot mental. Ainsi, lorsqu’il confesse son vice auprès de ses parents, ces derniers refusent de l’entendre. Lorsqu’une mère de famille dénonce l’agression sexuelle que l’instituteur a fait subir à son fils, l’association des parents d’élèves ne l’écoute pas. Du côté des parents « parvenus », aussi, les secrets de famille ne sont guère plus reluisants. Le fantôme de la fille suicidée hante ses parents, et semble vouloir révéler une sombre affaire d’adultère. Le fils, adopté, est hanté par ses parents biologiques, lesquels accusent ses parents adoptifs d’enlèvement. Drame et comédie de mœurs satirique tout à la fois, Les Grandes Personnes révèle aussi le rôle subversif du langage, donc de la littérature, confronté au mensonge des convenances sociales. La mise en scène sobre de Christophe Perton, sert comme un écrin la langue précieuse, cruelle, ironique et fantastique de Marie Ndiaye.

Les Grandes Personnes. Marie Ndiaye. Mise en scène de Christophe Perton. Théâtre La Colline. Du 8 mars au 3 avril 2011.