«LES REVENUS cumulés des 500individus les plus riches de la planète dépassent désormais ceux de 416millions de personnes les plus pauvres»: une formule qui résume le constat du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) dans son rapport annuel sur le développement mondial (RDH).
A partir de l’indicateur de développement humain (IDH), qui prend en compte l’espérance de vie, le niveau d’instruction et les revenus par habitant, le Pnud établit un classement pour 177 pays. «Les pays qui se classent en tête et en queue de liste sont les mêmes que pour le RDH 2005», indique le rapport.
En haut du classement la Norvège, l’Islande et l’Australie, loin devant la France, qui se situe à la 16e place, handicapée par un PIB inférieur (38 454 dollars par habitant pour la Norvège, 29 300 pour la France en 2004). Dans le bas du tableau, trois pays africains, le Mali, le Sierra Leone et le Niger, qui ont un PIB inférieur à 1 000 dollars per capita, une espérance de vie à la naissance qui ne dépasse pas 49 ans et des taux d’alphabétisation des adultes de 35 % (Sierra Leone) au plus.
La mauvaise rue du village global.
Et les inégalités s’accroissent. «Les habitants de la Norvège sont 40fois plus riches que les habitants du Niger.» Entre les pays les plus riches et les pays les plus pauvres, le fossé grandit en raison «d’une stagnation du développement humain en Afrique subsaharienne et par l’accélération du progrès enregistré dans d’autres régions», notamment en Europe centrale et orientale.
En Afrique subsaharienne, l’espérance de vie est aujourd’hui inférieure à ce qu’elle était il y a trois décennies. L’une des raisons principales : le VIH/sida et la féminisation de l’épidémie. «Les 10,8millions de décès infantiles recensés en 2004 témoignent de l’inégalité devant le défi humain le plus fondamental qui soit: rester en vie», soulignent les auteurs du rapport, pour qui «être né dans la mauvaise rue du village global compromet de manière importante les perspectives de survie».
Des inégalités sont également observées au sein du même pays, masquant «le niveau réel de développement». Si les Etats-Unis sont huitièmes du classement 2006, 20 % de la population ont le même indice de développement que Cuba (50e).
Le manque d’eau, un fléau silencieux.
Enfin, le Pnud dénonce dans le rapport 2006 la crise croissante de l’eau et de l’assainissement, responsable de la mort de près de 2 millions d’enfants chaque année.
Plus de 1 milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau et 2,6 milliards n’ont pas accès à l’assainissement : «Comme la faim (l’eau) est un fléau silencieux qui frappe les pauvres tout en restant toléré par ceux qui possèdent les ressources, les technologies et le pouvoir politique nécessaire pour y mettre fin...»
De plus, plus on est pauvre, plus on paie cher l’eau salubre. Au Royaume-Uni, une famille pauvre consacre 3 % de son revenu à l’eau ; en Jamaïque, c’est 10 %. Kevin Watkins, rédacteur en chef du rapport, résume : «En ce qui concerne l’eau et son assainissement, le monde souffre d’un excédent de conférences et d’un manque d’action crédible.»
Le rapport 2006 recommande, outre la mise en route d’un plan mondial, trois actions cruciales : faire de l’eau un droit fondamental, mettre au point des stratégies nationales en matière d’eau et d’assainissement et augmenter l’aide internationale. «Les recherches menées pour le RDH 2006 montrent qu’au Pakistan le budget militaire représente 47fois le budget alloué à l’eau et à l’assainissement», indique Kevin Watkins.
Malgré la possibilité que, d’ici à 2025, 3 milliards de personnes soient soumises au «stress hydrique», le RDH 2006 ne croit pas que l’intensification de la concurrence pour l’eau soit source de conflit, comme l’affirment certaines prévisions. «La gestion de l’eau partagée peut être un atout dans le sens de la paix comme de la guerre, mais c’est la politique qui décidera de l’orientation à lui donner», conclut K. Watkins.
Le rapport sur le développement humain sonne un peu plus chaque année comme un retour à la réalité. «Les populations sont la véritable richesse des nations.»
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