A L'IMAGE des précédents Teknival, celui de Marigny-le-Grand (Marne), du 28 avril au 1er mai, a réussi sa mobilisation anitaire et sécuritaire. Pompiers, Samu 51 (Reims), Sécurité civile, Croix-Rouge, Médecins du Monde et 700 gendarmes ont eu à gérer la présence de 40 000 personnes, sans toutefois éviter la mort de deux personnes.
Le poste médical avancé (PMA), animé par quatre médecins des sapeurs-pompiers et un praticien du Samu de la Marne, a répondu à 630 demandes. Quatre cents étaient liées à une invasion de chenilles urticantes. La préfecture de Champagne-Ardenne avait décidé d'interdire la manifestation dès le 29 avril, compte tenu du « risque de santé publique ». Mais les fans sont quand même venus massivement. Pour d'autres raisons, des associations de défense de l'environnement avaient obtenu, en référé, du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, la suspension du Festival de musique techno car le site a « valeur écologique » et « doit être classé dans le réseau Natura 2000 ». Rien n'y a fait, la fête a battu son plein.
Au total, résume le Dr Maurice Engelmann, responsable du centre 15 à Reims, cela s'est plutôt bien passé, alors que « nous avons été prévenus de l'événement en catastrophe » : les organisateurs de la manifestation n'avaient obtenu le feu vert qu'à la dernière minute. « Notre infirmerie de campagne - car, il s'agissait de ça et non d'un PMA de Plan rouge pour de gros malades - a été à la hauteur des consultations répétées qui se sont présentées, caractérisées par des allergies aux chenilles (une vingtaine de crises d'asthme et un oedème de Quincke, notamment) , des malaises et des intoxications aux stupéfiants (dyspnées, entre autres). » Une vingtaine d'évacuations ont été réalisées par le Smur, par les sapeurs-pompiers et par hélicoptère (3).
Au bout de trente-six heures, la fête a eu son premier mort. Un homme de 47 ans, victime d'une crise cardiaque. Sa compagne invoquera des antécédents cardiaques lourds et les médecins ont noté l'ingestion de médicaments pour le cœur, associée à de l'alcool et un anesthésiant pour chevaux. « La plupart des participants ont un problème de substances, soupire le médecin . Dans ce genre d'endroit, on trouve tout ce qui existe comme produits nouveaux sur le marché. Et, bien sûr, dans les pathologies rencontrées, qu'elles soient traumatiques ou non, la drogue est présente. »
Disponibilité et rapidité d'action.
Médecins du Monde (MDM) était présente sur l'ancienne base aérienne de l'Otan de 320 hectares où se sont déroulées les festivités pendant quatre jours. « Comme d'habitude, nous étions là dans une optique de réduction des risques », dit au « Quotidien » le Dr Eric Aubert, salarié du « Bus méthadone Paris », qui assurait à Marigny-le-Grand sa troisième sortie pour la Mission Rave de MDM. Trois postes avaient été dressés. L'un était consacré à la chromatographie en couches minces pour l'analyse des produits stupéfiants. Le deuxième à la « réassurance », avec le concours d'infirmiers, d'éducateurs et de psychologues, ouverts aux « teufeurs » (fêtards) ayant fait un « bad trip », aux nouveaux venus dans la drogue, à ceux qui rencontrent des effets inattendus et à ceux qui « ne gèrent pas la montée ou la descente » et sont « mis au calme » avant de rentrer à nouveau dans le bain. Le troisième poste était un camion médicalisé, exclusivement affecté à la bobologie. « Nous sommes six médecins et quelques internes à avoir fait mille consultations pour des coups de soleil et des urticaires géantes dues à l'euproctis chrysorrhœa (irritation de la peau et des yeux) , auxquelles s'ajoutent 500 interventions en tous genres », précise le praticien.
En ce qui le concerne, le Dr Eric Aubert a eu personnellement à faire face à l'un des deux décès du Teknival. C'était le 1er mai, entre 14 et 15 eures, une jeune femme de 24 ans, originaire de Grenoble, couverte de vomissures, était affalée dans sa voiture stationnée en plein soleil. « Nous l'avons sortie du véhicule pour la masser, la perfuser et l'intuber, et le Smur est arrivé six minutes plus tard. » Elle s'est étouffée en dormant, après avoir vomi. « Elle ne touchait à rien, nous ont dit des proches, sauf au cannabis et à l'alcool », témoigne le Dr Eric Aubert pour qui ces quatre journées auront montré « une fois de plus la disponibilité et la rapidité d'action de MDM. Phénoménal !», s'exclame-t-il. Les gendarmes, quant à eux, ont effectué 3 000 contrôles et constaté 300 infractions liées aux stupéfiants (une dizaine de dealers interpellés) ou à la sécurité routière.
Le premier Teknival légal français avait eu lieu en mai 2003 sur le même site de Marigny-le-Grand et avait rassemblé en trois jours 45 000 personnes, sans incident.
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