L'EPIDEMIE de légionellose qui touchait depuis le 28 avril le nord-est de l'agglomération lyonnaise est terminée. Tous les services de l'Etat, mobilisés au cours de cet épisode, étaient présents lors de la conférence de presse organisée pour annoncer la nouvelle, ainsi que le Pr Jérôme Etienne, directeur du Centre national de référence pour la légionellose (Cnrl).
Il s'agit bien d'une épidémie, avec 34 cas « groupés dans le temps et dans l'espace » : entre le 28 avril et le 9 mai, 26 cas ont été déclarés dans le Rhône, 6 dans l'Ain, 1 en Isère et 1 dans les Côtes-d'Armor (les deux derniers cas ont été rattachés à l'épidémie lyonnaise car les malades avaient séjourné dans la région).
Plus de 90 % des personnes (n = 31) ont fréquenté les communes de Caluire-et-Cuire et/ou de Rillieux-la-Pape. Les patients touchés 24 hommes et 10 femmes, âgés de 39 à 86 ans, avec une prédominance (63 %) des plus de 60 ans. Parmi eux, vingt-sept ont été hospitalisés dont cinq en service de réanimation, les autres ont été soignés à domicile. Il n'y a eu aucun décès et tous les patients ont pu regagner leur domicile. Des facteurs de risque, favorisant la survenue de la maladie ont été retrouvés dans 70 % des cas : tabagisme, maladie cardio-vasculaire ou diabète.
Les résultats des prélèvements pulmonaires ont permis d'isoler chez trois patients une souche identique, Legionella pneumophila sérotype 1. Cette souche endémique, dénommée « Lorraine », a déjà été isolée, hors épidémie, chez une trentaine de cas en France, entre 1995 et 2004. Aucune des souches isolées lors des investigations environnementales ne correspond aux souches humaines identifiées. A ce jour, « la source des contaminations n'a pu être déterminée ».
Une gestion exemplaire.
La gestion de cette crise aura permis de contrôler l'épidémie et d'éviter son extension. L'expérience lyonnaise servira de base d'information pour la circulaire, en préparation, sur les recommandations aux services de l'Etat pour la gestion de ce type d'événement. Dès le 10 mai, date de la déclaration des premiers cas, les mesures destinées à identifier l'origine de la contamination et à prévenir une étendue de la maladie ont été prises par le préfet, en concertation avec les instances nationales (ministères, Direction générale de la santé, Institut national de veille sanitaire). Une quarantaine d'agents de l'Etat ont travaillé en permanence aux côtés du préfet. Les services médicaux d'urgence, les 70 médecins libéraux de la zone et les maires des communes concernées ont immédiatement été informés verbalement par la Ddass. Les laboratoires d'analyse ont été alerté par le Pr Etienne. « Ces mesures ont permis de déceler rapidement les nouveaux cas afin de les prendre en charge et leur administrer rapidement l'antibiotique adapté. Elles ont également conduit au dépistage de malades qui n'auraient pas été repérés sans cette sensibilisation », soulignent les autorités.
Le recensement des tours aéroréfrigérantes (TAR) a permis d'identifier 28 sites. Parmi elles, seize seulement avaient été déclarées dans le cadre du plan gouvernemental Santé-Environnement, qui fixe au 7 décembre 2005 la date limite de déclaration des TAR. Des investigations complémentaires ont été nécessaires à l'identification des douze autres tours : enquête téléphonique auprès des entreprises de la zone, visite sur sites, sensibilisation des maires et chefs d'entreprise, interrogation des partenaires de maintenance des TAR, survol de la zone par un hélicoptère de la Sécurité civile équipé d'appareils photographiques et de caméras thermiques. Toutes les installations en fonctionnement ont été arrêtées, nettoyées et désinfectés et leur redémarrage subordonné à l'autorisation du préfet. Parmi les 28 TAR, onze sont à l'arrêt depuis l'automne 2004, onze autres ont été mises hors de cause après analyse des prélèvements à cinq jours. Des colonies de légionnelles, de souches différents de la souche humaine, ont été décelées dans 5 TAR, dont quatre ont pu redémarrer. Elles feront l'objet de contrôle à 48 heures, puis tous les huit jours pendant un mois. L'analyse des eaux de refroidissement du dernier site est en cours.
Les autres sources potentielles : système d'irrigation, installations de brumisation dans les commerces de fruits et légumes, jets d'eau, stations de lavage ont été également arrêté avant d'être également mis hors de cause.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature