LES QUELQUE 180 maisons médicales de garde (MMG) recensées sur le territoire remplissent-elles leur rôle ? La question a pu être soulevée après les récents propos de l'urgentiste Patrick Pelloux, selon lesquels les médecins libéraux se désengagent de la permanence des soins. Dans toutes les régions de France où les MMG voient le jour, d'aucuns constatent que les médecins libéraux se réinvestissent dans les tours de gardes. Ouvertes les nuits, le plus souvent de 20 heures à minuit, les week-ends et les jours fériés, les maisons médicales s'inscrivent de plus en plus dans le paysage sanitaire. « En 2004, nous avons réalisé plus de 5 000 consultations. Sans la MMG, la moitié des patients se seraient directement adressés aux urgences de l'hôpital de la ville », commente le Dr Pascal Vesproumis, président de la MMG de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor). Ce qui fait la force des MMG est aussi à l'origine de son plus grand écueil : « L'offre a créé la demande et nous voyons beaucoup de personnes qui auraient pu attendre une consultation le lendemain », explique le Dr Vesproumis. Le Dr Eric Henry, président du SML 26 et responsable de la maison médicale de garde d'Auray (Morbihan), a très mal vécu les accusations du Dr Pelloux : « Le problème des urgences ne vient pas de la défection des médecins libéraux mais du problème de filtrage des entrées aux urgences. Près de 40 % des cas qui arrivent aux urgences relèvent de la médecine générale. Sur ce point, il n'y a aucun doute : les MMG désengorgent les urgences. »
Un concept jeune, difficilement évaluable.
L'impact des maisons médicales sur le fonctionnement des services d'urgences est difficile à évaluer. « Le concept est encore trop jeune, les MMG ne sont pas encore bien connues des patients mais elles ont un rôle primordial à jouer en complément des urgences », commente le Dr Hugues-Jacques Sztulman, président de l'Association Maison médicale 31, à Toulouse. Dans les premiers mois qui ont suivi l'ouverture de cette MMG sur le site de l'hôpital de La Grave, l'activité des urgences au CHU toulousain a baissé de 3 %. A l'hôpital de Béziers, la création d'une maison médicale dans l'enceinte de l'hôpital, a soulagé un service jusqu'alors débordé. Urgentistes et libéraux y travaillent main dans la main. Ils ont élaboré une liste de onze cas dont le traitement ne doit plus s'opérer aux urgences, mais à la maison médicale. Les lumbagos, les otites, les angines, les rhino-pharyngites et les coups de soleil sont désormais directement adressés à la MMG. « Ce sont des cas qui nécessitent effectivement un soin mais qui ne requièrent ni l'attention soutenue ni le plateau technique des urgences », souligne le Dr Yves Magin, responsable des urgences de l'hôpital bittérois.
Le principe de cette collaboration est une première. Les rapports entre médecins libéraux des MMG et des services d'urgence ne sont pas toujours si simples. A en croire le Dr Simon Filippi, président de la maison médicale de Gap (Hautes-Alpes), la concurrence prend trop souvent le pas sur la complémentarité : « Des directeurs d'hôpital ont anticipé la création des MMG. Mais, sur le terrain, les services hospitaliers n'ont pas les mêmes intérêts et nous adressent peu leurs patients. » Pour le Dr Filippi, l'information du public est également primordiale pour changer les comportements. « Si on explique aux patients qu'ils ne doivent pas se précipiter aux urgences pour le moindre bobo mais qu'ils peuvent se rendre dans une maison médicale de garde pendant ses horaires d'ouverture, ils comprendront le message comme ils l'ont fait avec les antibiotiques », assure le président de la Fédération des maisons médicales de garde (Fmmg).
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