FRONDE DES PH : une troisième ! Il y a eu la journée de protestation du 6 avril, la grève du 11 mai, aujourd’hui la journée est étiquetée «journée de mobilisation et de grève des PH». Les labels changent mais pas les motifs de mécontentement : comme lors des deux dates précédentes, c’est pour s’élever contre la réforme en cours de leur statut – et en particulier contre le projet de nouvelle procédure de nomination – que les praticiens hospitaliers sont appelés à se mobiliser par la CPH (Confédération des praticiens des hôpitaux) et l’Inph (Intersyndicat national des praticiens hospitaliers). «On nous propose de passer d’un statut pérenne et indépendant à une situation précaire aux ordres d’un petit patronat médico-administratif local», continuent d’accuser les deux organisations. Elles refusent la dimension locale que les pouvoirs publics veulent désormais conférer à l’affectation sur leur poste des praticiens. Les plans du ministère, que soutiennent la CMH (Coordination médicale hospitalière) et le Snam-HP (Syndicat national des médecins des hôpitaux) prévoient que «le praticien (...) sera affecté dans un pôle sur proposition du responsable de pôle et du président de la commission médicale d’établissement», que «l’affectation locale sera enregistrée par le Centre national de gestion lorsqu’il y a accord local» et qu’ «en cas d’avis divergents, (elle) sera prononcée par arrêté du ministre chargé de la Santé après avis de la commission statutaire nationale».
Soucieux de défendre «l’indépendance professionnelle et tout ce qu’elle garantit dans l’organisation d’un système de soins efficient et accessible à tous», la CPH et l’Inph orchestrent, cette fois-ci, une manifestation parisienne, programmée à 13 heures sous les fenêtres d’un ministre de la Santé accusé de ne prêter aucune oreille aux doléances des PH. Car, sur ce dossier, la forme apparaît presque aussi importante que le fond. Les Drs Pierre Faraggi et Rachel Bocher, respectivement présidents de la CPH et de l’Inph, fustigent ensemble «l’entêtement du cabinet du ministre et de la Dhos [Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins, ndlr] pour défendre une réforme qui conduira inexorablement à une désertification médicale de l’hôpital public».
Adressée à leur demande aux pouvoirs publics au lendemain de la grève du 11 mai, une lettre dans laquelle les deux syndicats formulaient des contre-propositions pour réformer l’affectation des PH est, à ce jour, restée sans réponse. Outre leur projet de procédure (trois mouvements annuels de nomination/mutation pilotés par le Centre national de gestion, les praticiens restant nommés par le ministre sur avis de la CME et du conseil exécutif), l’Inph et la CPH décrivaient, dans le courrier, des PH «excédés du retard pris dans le traitement de nombreux dossiers».
La mobilisation d’aujourd’hui s’inscrit dans un mouvement de protestation plus vaste, lancé par l’Inph et la CPH le 22 mai, de boycott des tâches administratives. Depuis cette date, les PH sont appelés à faire de la rétention d’information (en ne transmettant plus à l’administration les données du codage, les bons de consultation, les résultats de l’EPP…) et à ne plus participer aux réunions autres que CME et conseils d’administration.
Les temps partiels dans le brouillard.
Les PH à temps partiel retrouveront leurs confrères à plein-temps dans la rue cet après-midi pour des raisons bien spécifiques : depuis le début du mois de mars, le ministère les a, semble-t-il, tout bonnement oubliés. A cette date, les quelque 8 000 praticiens qui travaillent à temps partiel à l’hôpital public étaient sortis plutôt satisfaits d’une réunion statutaire. On leur avait promis d’harmoniser rapidement leur statut sur celui des pleins-temps, selon un projet qui devait leur être soumis dans un délai d’un mois (financé à hauteur de 60 millions d’euros) pour finalisation au début de l’été, ce calendrier permettant d’inscrire les indispensables modifications statutaires dans la loi de financement de la Sécurité sociale de 2007. Rien n’est jamais venu. «Il n’y a pas eu de projet des temps partiels. Nous n’avons jamais eu de réponse ni à nos courriers ni à nos mails», indique le Dr Isabelle Gros, présidente de l’Intersyndicat des PH à temps partiel. Face à ce silence, l’organisation a déposé un dossier à la Halde (Haute Autorité de lutte contre les discriminations) et entend bien profiter de la grève d’aujourd’hui pour se faire entendre.
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