Elle s’est développée grâce aux biopuces à ADN capables de couvrir tout le génome humain et a montré qu’un nutriment interfère avec des fonctions clés de la biologie cellulaire ; tout déficit ou excès peut donc retentir sur les différentes phases du cycle cellulaire et peut modifier durablement l’expression de nos gènes.
L’influence des nutriments sur l’expression génomique est testée au niveau cellulaire in vitro et confrontée ensuite à des études expérimentales chez l’animal.
Il reste toutefois difficile d’établir actuellement des recommandations à partir de ces travaux sauf lorsqu’on dispose d’arguments forts comme pour le lycopène ou les omégas 3 ou qu’on reste dans les recommandations classiques, éviter l’alcool, le surpoids, privilégier les fibres, réduire les graisses… etc., la nutrition restant un domaine complexe. « Ainsi les phyto-œstrogènes qui expérimentalement se révèlent protecteurs vis-à-vis du cancer du sein ne montrent pas de bénéfice voire un effet délétère dans les études d’intervention. Il faut tenir compte du timing, bien différent entre les femmes japonaises imprégnées déjà de phyto-œstrogènes in utero et les occidentales qui n’en consomment qu’à la ménopause. Nous avons comparé des rates soumises soit à un régime plus ou moins riche en phyto-œstrogènes, qu’on pouvait ou non intervertir, explique le Pr Jean-Yves Bignon (directeur du département d’Oncogénétique, CHU de Clermont-Ferrand). La nutrigénomique montre qu’en l’absence de modification du régime, les gènes restent inchangés ; par contre le changement de régime modifie l’expression de 80 gènes clés dans l’expression tumorale avec un impact potentiellement négatif. »
L’impact génétique des nutriments diffère vraisemblablement selon les personnes. C’est le domaine d’une nouvelle discipline, la nutrigénétique qui pourrait, en fonction du profil génétique d’un individu, amener à lui recommander ou lui déconseiller certains aliments selon son génotype. « Sur le plan scientifique, cette piste est porteuse d’avenir mais reste du domaine de la recherche, les valeurs prédictives positives ou négatives étant encore beaucoup trop faibles pour envisager un conseil médical individualisé. » conclut le Pr Jean-Yves Bignon.
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