Dans les facs, les casernes et les prisons britanniques

Les oreillons sont de retour

Publié le 15/05/2005
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DEPUIS deux ans, les oreillons font leur grand retour au Royaume-Uni. L'épidémie ne concerne pas les enfants et les jeunes adolescents, qui sont presque tous vaccinés. Elle touche les jeunes adultes âgés de 19 à 23 ans, trop vieux pour avoir été vaccinés au début de leur scolarité, mais trop jeunes pour avoir été naturellement infectés par le paramyxovirus au cours de leur enfance.
Cette situation pourrait conduire les autorités sanitaires britanniques à mettre en place une campagne de vaccination s'adressant spécifiquement à ce nouveau groupe de personnes à risque. Savage et coll., les auteurs d'une étude publiée dans le dernier numéro du « BMJ », suggèrent que le vaccin pourrait être proposé aux jeunes à la fin de leurs études secondaires.
A la suite de la campagne de vaccination lancée à la fin de l'année 1988, l'incidence des oreillons a drastiquement chuté au Royaume-Uni. De 1988 à 1992, pratiquement tous les enfants ont reçu au moins une injection du vaccin trivalent rougeole-oreillons-rubéole au cours de leur petite enfance (généralement, à l'âge de 1 an). Il est ensuite apparu que la vaccination était significativement plus efficace si les enfants recevaient une seconde injection du vaccin. La généralisation du schéma vaccinal comprenant deux injections a permis une diminution encore plus importante de l'incidence de la maladie infantile.
Cependant, le nombre de cas d'oreillons a brusquement explosé en 2004. Alors qu'environ 4 000 infections par le paramyxovirus ont été déclarées au cours de l'année 2003, près de 16 500 ont été rapportées en 2004.
Et le phénomène épidémique se poursuit cette année : 5 000 cas ont été notés au cours du seul mois de janvier 2005.
Les foyers épidémiques les plus importants ne sont pas les écoles maternelles, mais les campus universitaires, les casernes militaires et les prisons. La grande majorité des patients infectés par le virus des oreillons sont en effet nés entre 1983 et 1986. Ces jeunes adultes sont passés au travers des campagnes de vaccination mises en place après leur premier anniversaire. Ils ont grandi à une époque où l'incidence des oreillons a été suffisamment faible pour qu'ils ne contractent pas la maladie. Ils sont donc restés entièrement susceptibles à ce paramyxovirus. Aujourd'hui, lorsque l'un d'eux rencontre le virus, il risque de le transmettre à tous ses camarades.
Compte tenu de l'ampleur de l'épidémie qui sévit au Royaume-Uni et des complications associées à cette maladie (en particulier chez les jeunes hommes), il paraît assez judicieux de songer à vacciner tous les jeunes adultes qui ne sont pas encore immunisés contre les oreillons.

« BMJ » du 14 mai 2005, pp. 1119-1120 et 1132-1135.

Pas plus de maladies de Crohn

La rumeur selon laquelle le vaccin trivalent rougeole-oreillons-rubéole augmenterait le risque de maladie de Crohn serait sans fondement. Le travail d'une statisticienne de l'université d'Oxford, Valérie Seagroatt, montre en effet que la généralisation de la vaccination contre ces trois maladies n'a eu aucun effet visible sur l'incidence de la maladie de Crohn au Royaume-Uni.
Cette étude se fonde sur l'analyse de données concernant les admissions en urgence de patients âgés de moins de 18 ans atteints par cette maladie inflammatoire chronique (les dates d'admission utilisée pour l'étude sont comprises entre avril 1991 et mars 2003).
La statisticienne est partie du fait qu'au moins 84 % des enfants nés après 1989 avait reçu le vaccin incriminé. Elle a utilisé les données fournies par les hôpitaux pour déterminer l'impact de la vaccination sur le nombre de cas de maladie de Crohn en comparant le nombre de patients admis nés avant 1988 au nombre de patients admis nés à partir 1989.
Son travail montre qu'aucun changement notoire de l'incidence de la maladie de Crohn ne coïncide avec l'introduction du vaccin trivalent dans le calendrier vaccinal.

« BMJ », vol. 330, pp. 1120-1121.

> ELODIE BIET

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7749