ON SAIT que la pancréatite chronique survenant en dehors de tout contexte génétique est un facteur de risque d’adénocarcinome du pancréas (rapport d’incidences standardisé = 27).
La pancréatite chronique héréditaire est une maladie autosomique dominante liée à une mutation du gène du trypsinogène cationique (PRSS1).
La fréquence de l’adénocarcinome du pancréas au cours de ce type de pancréatite chronique est mal connue.
Le Dr Vinciane Rebours et son équipe ont évalué l’incidence de l’adénocarcinome du pancréas et ont étudié ses facteurs de risque au cours de la pancréatite chronique héréditaire dans une série exhaustive nationale française.
Après consultation de tous les laboratoires de génétique (taux de réponse de 100 %) et des gastro-entérologues et pédiatres français (taux de réponse de 86 %), une cohorte comprenant tous les patients atteints de pancréatite chronique héréditaire a été constituée.
Les critères d’inclusion étaient : la présence d’une mutation du gène PRSS1 ou un antécédent familial de pancréatite chronique chez au moins deux apparentés au premier degré ou trois apparentés au second degré, en l’absence d’autre cause, notamment l’alcool. Le diagnostic d’adénocarcinome était toujours prouvé histologiquement.
La cohorte comprenait 78 familles et 200 patients, dont 181 étaient vivants, représentant 6 673 sujets-années (nombre médian de génération : 3 ; sexe masculin : 53 % ; alcoolisme : 5 % ; tabagisme : 34 %).
L’âge moyen au moment de l’inclusion était de 30 ans (extrêmes : 1 et 84 ans).
Une mutation PRSS1 a été détectée chez 68 % des patients et d’autres mutations (SPINK1 et CTFR) chez 15 % des patients, la transmission du PRSS1 était maternelle chez 65 % des patients.
Un adénocarcinome a été détecté chez 10 patients dont 6 hommes et 4 femmes, à un âge médian de 55 ans avec des extrêmes allant de 38 à 78 ans.
Les rapports d’incidence standardisés des adénocarcinomes du pancréas étaient de 87 (42-113), 69 (25-150) et 142 (38-225), pour, respectivement, l’ensemble de la cohorte, les hommes et les femmes.
Un risque augmenté chez les fumeurs. Le risque d’avoir un adénocarcinome du pancréas était croissant avec l’âge. A 50, 60 et 75 ans, le risque cumulé était, respectivement, de 11,16 et 49 % chez les hommes, et de 8, 22 et 55 % chez les femmes. Ce risque était augmenté chez les fumeurs. A l’âge de 75 ans, il atteignait 72 %, alors qu’il n’est que de 16 % chez les non-fumeurs) et chez les diabétiques.
Dix-neuf malades sont décédés. Huit d’entre eux avaient un adénocarcinome du pancréas, ils sont morts cinq mois (délai moyen) après le diagnostic. La cause du décès était connue pour tous les autres malades sauf un.
Les patients atteints d’une pancréatite chronique héréditaire ont donc un risque très augmenté de cancer du pancréas par rapport à la population générale française (rapport d’incidence standardisé : 87). Il n’y a pas de corrélation entre ce risque et le statut génétique PRSS1. En revanche, il est fortement corrélé avec l’intoxication tabagique, le diabète et à l’absence de pancréatite aiguë.
L’adénocarcinome du pancréas est la première cause de mortalité chez les patients atteints de pancréatite chronique héréditaire.
D’après la communication du Dr Vinciane Rebours (hôpital Beaujon, Clichy).
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