DEFINIE par l'existence de diverses anomalies dans la région maculaire de l'œil, la Dmla peut se rencontrer à deux stades différents : le stade initial lié à l'âge, retentissant peu ou pas sur la fonction visuelle, et celui de la maladie constituée.
Les études les plus récentes insistent sur le terrain familial prédisposant à la maladie. La Dmla pourrait être une maladie polygénique aggravée ou déclenchée par des facteurs environnementaux. Parmi ces facteurs, le tabagisme est celui pour lequel un consensus se dégage : celui-ci ne serait pas la cause de la maladie, mais agirait comme un facteur aggravant. Tous les autres facteurs de risque, qu'ils soient constitutionnels ou acquis, font l'objet de débats, le seul facteur reconnu par toutes les études étant l'âge.
Vitamines et oligoéléments.
Des facteurs sont en cours d'évaluation, comme le sexe, l'ethnie, l'hypertension artérielle, l'obésité et, enfin, des facteurs qui interviennent au niveau du stress oxydatif, tels que l'exposition à la lumière et les carences en vitamines et oligoéléments. La responsabilité d'un régime pauvre en oligoéléments et en vitamines paraît effective dans le développement d'une Dmla, la supplémentation en vitamines antioxydantes et en zinc ayant démontré un rôle protecteur chez les patients à haut risque.
En effet, comme l'a rappelé le Pr Gisèle Soubrane (hôpital intercommunal de Créteil), la nutrition joue un rôle capital dans l'apparition de la Dmla. Trois éléments sont fondamentaux : les vitamines, les pigments maculaires (dont la lutéine) et les oméga 3, en particulier l'acide docosahexaénoïque (DHA).
Une étude de référence.
L'étude Areds, mise en place aux Etats-Unis, constitue l'étude de référence dans l'évaluation du rôle des antioxydants dans la Dmla. Cette étude a inclus 3 640 patients présentant des drusens ou des altérations pigmentaires au niveau des deux yeux ou encore une forme grave de Dmla. Les patients ont été répartis en quatre catégories en fonction de la gravité initiale de leur Dmla et suivis plus de six ans en moyenne. Ces patients ont reçu quatre modalités de traitement : placebo ; poursuite d'une éventuelle prise de vitamines (80 mg de zinc associés à 2 mg de cuivre) ; antioxydants associant vitamine C (500 mg), vitamine E (400 UI) et bêta-carotène (15 mg ); association de ces mêmes antioxydants au zinc et au cuivre (mêmes doses que les autres groupes).
Dans cette étude, la supplémentation par de fortes doses d'antioxydants seuls, de zinc seul ou de zinc associé aux antioxydants a significativement amélioré les patients atteints de Dmla avancée (stades 3 et 4). Chez ces patients, la diminution du risque de progression de la maladie vers une forme sévère a été de 25 % à cinq ans lorsqu'ils ont reçu l'association zinc/antioxydants, de 21 % avec le zinc seul et de 17 % avec les antioxydants seuls. La diminution de la baisse d'acuité visuelle a été de 10 % avec les antioxydants seuls, de 11 % avec le zinc seul et de 19 % avec la combinaison des deux traitements.
Rôle protecteur des pigments maculaires.
S'agissant des pigments maculaires, plusieurs études ont montré qu'un régime riche en lutéine et en zéaxanthine (choux frisés, épinards, brocolis) permet de diminuer l'apparition d'altérations de l'épithélium pigmentaire ou des formes sévères de Dmla, de réduire le risque de survenue d'une Dmla et, surtout, le risque d'aggravation de la maladie. Il existe donc un faisceau cohérent d'arguments en faveur d'un rôle protecteur des pigments maculaires.
Par ailleurs, les photorécepteurs de la rétine sont constitués d'un empilement de membranes cellulaires qui contiennent des acides gras essentiels, notamment des oméga 3. il existe de nombreuses données témoignant de l'influence de ces derniers dans la Dmla. Des études génétiques ont montré que les individus possédant un allèle 4 de l'apolipoprotéine E étaient exposés à un moindre risque d'apparition d'une Dmla (RR divisé par 4,8 ; p < 0,0003). De plus, il a été mis en évidence une accumulation de lipides dans la membrane de Bruch avec l'âge et un rôle des lipides dans la constitution des drusens et, donc, dans l'apparition de la Dmla. Enfin, comme l'ont montré deux études menées au Japon et en Islande, les populations qui consomment beaucoup de poissons riches en oméga 3 sont protégées de la Dmla.
Réunion organisée par le Laboratoire Théa, à laquelle participaient le Pr G. Soubrane (hôpital intercommunal de Créteil) et le Dr J.-M. Bourre (membre de l'Académie nationale de médecine, directeur de recherche Inserm neuropharmaco-nutrition).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature