DES PERSONNES qui ont participé à l’enquête décennale santé de l’Insee (entre octobre 2002 et septembre 2003) ont été invitées à passer un examen périodique de santé dans un des centres de l’assurance-maladie (CES). Cela a permis à des chercheurs du Cetaf (Centre technique d’appui et de formation des centres d’examens de santé) et de l’Irdes de comparer la morbidité déclarée et la morbidité diagnostiquée et de constater les écarts parfois importants entre l’une et l’autre. Avec un échantillon conséquent de 1 889 personnes.
Pour l’étude publiée par l’Irdes, trois troubles de santé, facteurs de risque cardio-vasculaire, sont analysés : l’obésité, l’hypertension artérielle et l’hypercholestérolémie. Trois troubles assez largement sous-estimés dans les déclarations. Ainsi, un tiers des sujets classés comme obèses d’après les mesures effectuées dans les centres d’examens de santé ne le sont pas si on en croit leur déclaration de poids et de taille. Ils sous-estiment leur poids et/ou ils surestiment leur taille.
Des hypertendus qui s’ignorent.
La proportion de personnes qui souffrent d’HTA mais ne l’ont pas déclarée est encore supérieure : parmi les 281 sujets pour lesquels une pression artérielle élevée a été mesurée dans les CES (pression systolique supérieure à 160 mmHg et/ou pression diastolique supérieure à 95 mmHg), 43,1 % n’avaient pas dit être atteints d’HTA.
Ces données confirment celles enregistrées dans le cadre du projet Monica concernant des 35-64 ans : avec un seuil, il est vrai plus large, à 140/90 mmHg, l’HTA n’était déclarée que par 39 à 44 % des hommes et 57 à 65 % des femmes.
Dans l’étude Irdes, le risque de ne pas déclarer d’hypertension augmente avec la tension artérielle mesurée et est également plus élevé chez les personnes qui n’ont pas consulté de généraliste dans les douze mois précédant l’enquête. Les auteurs en déduisent que la sous-déclaration est probablement due à une méconnaissance de l’affection et révèle des besoins de soins non satisfaits.
Enfin, pour l’hypercholestérolémie, c’est la moitié des sujets concernés (126 sur 252) qui ignorent leur problème (dosage supérieur ou égal à 7 mmol/l). Ce sont surtout des jeunes (moins de 45 ans) ou des personnes ayant une hypercholestérolémie importante, ce qui plaide là encore en faveur d’une méconnaissance du trouble plutôt que d’une omission.
«Les prévalences établies à partir d’autodéclarations doivent être utilisées avec prudence», concluent les auteurs. Avec d’autant plus de prudence quand il s’agit d’organiser des campagnes de prévention des maladies cardio-vasculaires, qui font 180 000 morts par an : nombre de personnes peuvent ne pas se sentir concernées alors qu’elles devraient l’être.
* « Questions d’économie de la santé », n° 114, novembre 2006.
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