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LE SITOM (Syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères) sud Gard, dirigé par Max Portal, regroupe 70 communes, dont la ville de Nîmes, soit un peu plus de 257 000 habitants. Longtemps tributaire de la décharge des Lauzières, le Sitom a opté, il y a quelques années, pour une filière complète des déchets ménagers (incinération avec valorisation, triage et recyclage, compostage et enfouissement des déchets ultimes), avec une large place accordée à l'unité de valorisation énergétique (UVE) des déchets ménagers. Max Portal a démontré le bien-fondé de cette démarche, y compris sur le plan économique.
Des photographies de la décharge des Lauzières, avant la mise en route de la filière actuelle suffisent pour convaincre que le tout-décharge était une voie sans issue : un énorme chancre défigurant la campagne nîmoise, avec un risque non négligeable pour la santé. Les 70 communes du Sitom génèrent 130 000 tonnes de déchets par an, sans parler des communes alentour qui veulent y adhérer, ne sachant comment gérer leurs déchets.
La filière complète doit répondre à quatre impératifs. Tout d'abord être conforme à la législation : loi Lalonde (1992), circulaire Lepage (1997), circulaire Voynet (1998), arrêté ministériel du 9 septembre 1997 sur les décharges, plan départemental d'élimination des déchets ménagers et assimilés, directive européenne 2002 sur l'incinération des déchets. Elle doit être techniquement fiable, du tri sélectif à la mise en décharge des déchets ultimes en passant par le compostage des déchets verts (y compris les boues des stations d'épuration) et l'incinération aux normes. Elle doit respecter l'environnement, conformément aux normes et même au-delà, dans une politique de développement durable. Elle doit enfin être économiquement supportable par les collectivités et les contribuables alors que la mise en route des différentes étapes de la filière représente un investissement initial bien supérieur à la mise en décharge totale des déchets.
L'intérêt d'une filière complète est d'intégrer une réalité trop souvent méconnue, insiste M. Portal : il n'existe pas de filière de traitement des déchets qui ne génère aucune pollution. Concrètement, sur les 130 000 tonnes de déchets qu'il prend en charge chaque année, le Sitom sud Gard en traite près de 100 000 dans son incinérateur. Le tri sélectif (14 000 tonnes) et le compostage (12 000 tonnes) sont loin d'être anecdotiques, avec des taux de croissance annuels tout à fait favorables. Il semble donc bien exister une responsabilisation des usagers.
Sur le plan financier, la mise en service de l'incinérateur a entraîné une réduction du coût de traitement des déchets utiles, qui est passé de 61,75 à 51,60 euros/tonne, sauf pour la ville de Nîmes, qui a un statut particulier, le site de la décharge et de l'incinérateur étant situé dans le périmètre de la commune.
Plus d'énergie, moins de rejets.
L'analyse des objectifs et du fonctionnement de l'unité de valorisation énergétique des déchets ménagers et assimilés montre pourquoi le terme d'UVE doit remplacer celui d'incinérateur, a pour sa part expliqué J.-P. Moreau.
Avec un four d'une capacité de 110 000 tonnes, l'UVE couvre largement les besoins du Sitom, ce qui réserve une marge pour l'avenir et, à court terme, pour répondre aux demandes de cités non membres du syndicat et d'entreprises. Il fonctionne 24 heures sur 24 et produit une quantité d'électricité suffisante pour une ville de 30 000 habitants. On peut donc bien parler d'une unité de valorisation énergétique.
L'incinérateur prend une toute petite place dans l'UVE, l'essentiel étant occupé par les unités de valorisation énergétique, le contrôle des émissions gazeuses et le traitement des rejets (avec un processus par polluant).
Le traitement des fumées est crucial et, à ce titre, l'installation nîmoise peut être considérée comme un modèle, puisqu'elle se révèle de 20 à 80 % plus performante que les exigences légales (arrêté de 2002 transposant la directive européenne de 2000).
En pratique, il s'agit d'un procédé semi-humide fondé sur l'abattement des acides et des composés soufrés (pulvérisation de lait de chaux), sur l'abattement des dioxines, des furanes et des métaux lourds (absorption sur charbon actif), sur le dépoussiérage et l'élimination des particules solides (filtration mécanique) et sur l'élimination des oxydes d'azote (passage sur réacteur catalytique).
L'autosurveillance, en continu, des émissions est doublée par le contrôle des émissions en cheminée par un laboratoire extérieur, avec un plan de surveillance complet et transparent (plan élaboré en accord avec le Sitom, dont la réalisation pratique a été confiée à l'Ineris). Il prévoit une évaluation avant le démarrage de l'installation (servant de base de comparaison), puis l'analyse des dioxines, des furanes et des métaux lourds dans les sols, le lait de vache, les végétaux (vigne) et, bien sûr, l'air ambiant.
Les contrôles effectués, après six mois de fonctionnement, sont plus que rassurants, en particulier pour les dioxines. « Alors que la norme d'émission est fixée à 0,1 ng/normom3 de vapeur, nous sommes aux alentours de 0,01, soit 10 fois moins, indique J.-P. Moreau . L'UVE devrait donc rejeter moins de 0,1 g par an, c'est-à-dire pratiquement rien. »
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