L'exposition in utero à la Dépakine associée à un surrisque de trouble déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH)

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Publié le 07/01/2019
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Crédit photo : PHANIE

L'exposition in utero au valproate, anti-épileptique commercialisé sous le nom de Dépakine, augmente de près de moitié le risque de développer un trouble déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH). Cette estimation, publiée dans le « JAMA Network Open », se base sur les données d'une cohorte danoise de 913 302 enfants nés entre janvier 1997 et décembre 2011, dont 580 ont été exposés in utero au valproate. Les données d'exposition proviennent du registre national danois des prescriptions médicales. Une exposition in utero était définie par la prise de l'anti-épileptique par la femme enceinte entre la conception et 30 jours avant la naissance.

Les chercheurs du département de l'université d'Aarhus ont calculé que 8,4 % des enfants exposés au valproate ont développé un TDAH au cours d'un suivi médian de 9,4 ans. Ce taux représente une augmentation de 48 % du risque de TDAH par comparaison à celui des enfants non exposés de la cohorte, chez lesquels le risque est estimé à 3,2 %. Le surrisque est d'autant plus élevé que les doses administrées sont importantes, et prises précocement au cours de la grossesse.

Prise en compte des co-facteurs

En ne prenant en compte que les mères épileptiques (n = 7 104) traitées ou pas par le valproate, l'exposition in utero au valproate était significativement associée à un surrisque de 39 % de TDAH. Les auteurs précisent également que le surrisque de TDAH lié à l'exposition au valproate reste également significatif en excluant toutes les 1 340 femmes ayant elle-même un TDAH (on estime que les trois quarts de ces troubles sont héréditaires).

Ce surrisque est une spécificité du Valproate : les auteurs n'ont constaté aucun risque significativement accru de TDAH chez les enfants exposés in utero à d'autres anti-épileptiques.

Un appui de la position de l'EMA

Cette étude « vient encore augmenter le nombre d'études montrant que le valproate est associé à un grand nombre d'événements neuro-développementaux [...] en plus du risque de malformations congénitales », concluent les auteurs. Elle conforte la décision de l'agence européenne du médicament (EMA) de mars dernier, à la suite de laquelle le valproate s'est vu être interdit, en France, à l'ensemble des femmes en âge de procréer.


Source : lequotidiendumedecin.fr