ZENON
Mon homme de l'année est cet inconoclaste de bon sens qui a écrit : « Les ordinateurs et l'Internent ne peuvent pas être comparés aux grandes inventions de la fin du XIXe et du début du XXe siècles et, à cet égard, ne méritent pas le titre de révolution industrielle ». Oui, honoré soit Robert Gordon, professeur d'économie de la Northwestern University et chercheur au National Bureau of Economic Research ! Dans son étude, publiée récemment, il remarque le plus simplement du monde qu'Internet n'est qu'un moyen de communication s'ajoutant à ceux existant déjà, et qui se portent à merveille, telles les feuilles de papier imprimés, qui se développent de façon exponentielle (alors que le prix mondial du papier atteint des sommets). Autrement dit : pourquoi essayer de dire ou de percevoir des idées ou des informations plus rapidement que notre entendement ne peut suivre ?
Comme pour corroborer cette idée naïve, la société américaine BrightPlanet en arrive à ce constat amusant (cf. Libération du 13/12) : « Il existe des centaines de milliards de documents précieux, enfouis dans des bases d'informations qui ne peuvent être retrouvés par les moteurs de recherches », lesquels ne font que balayer mollement le dessus de la toile, comme un gâte-sauce se pourlèche les doigts avec la crème de la crème. Plus de 500 milliards de documents inaccessibles auxdits moteurs, faute de connaître les mots de passe des bases de données.
Mais peut-être que Gordon poserait-il à nouveau la bonne question : qu'est-ce ce qui permet de dire que ces centaines de milliards de choses archivées sont « précieuses » ? Le montage en accéléré des six premiers mois de la vie du jeune Tom Pouce Jr. est-il une donnée d'un quelconque intérêt ? S'il est vrai, comme le prétend BrightPlanet, que le Web renferme dans ses rêts plus de 500 fois plus d'informations qu'on ne le croyait, cela change-t-il à la donne telle qu'elle est analysée par Gordon ? C'est-à-dire, par exemple, que l'Internet n'a pas du tout amélioré les conditions sociales des salariés, mais augmenté leur temps de travail, ou que les gains de productivité ne concernent que les biens manufacturés, mais le E.commerce ne correspond qu'à 12 % de l'activité américaine ?
Lâchez le Nasdaq, investissez dans du sûr : le rail et l'électricité. Et puis, continuez à lire tranquillement le journal que vous avez entre les mains. Bonne année 2001 !
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