Une femme traitée à Lariboisière dans le service du Dr Peyrot présente tous les attributs extérieurs du sexe masculin. C’est un individu paraissant âgé d’une trentaine d’années, au masque glabre, aux traits accentués, avec des cheveux noirs coupés dru et pourvu de muscles d’athlète.
Cet étrange personnage, charretier de son état, fait tout son possible pour dissimuler son véritable sexe. Elle se fâche sérieusement si on ne l’appelle pas Monsieur Paul. Quelles raisons l’ont décidée à échanger ses habits féminins contre la cotte et la vareuse du roulier, c’est ce qu’il serait intéressant de rechercher et c’est ce qu’à fait un de nos confrères du “Journal ”. Nous lui laissons donc reproduire les résultats de son information en la complétant sur quelques points.
“Monsieur Paul n’est pas un inconnu à Lariboisière : il y a quatre ans, le Dr Peyrot l’a opéré pour un traumatisme du genou (il s’agissait, en fait, d’une fracture de la rotule et le Dr Peyrot lui fit, à cette occasion, une suture à l’os. Ce que ne dit pas notre confrère, c’est qu’il avait été, à ce moment, placé dans le service des hommes. Pendant douze jours, on ne soupçonna pas même son sexe, tant son apparence extérieure donnait le change ; c’est sous le chloroforme que fut découverte la supercherie).
Il est assez curieux de connaître les motifs qui ont déterminé cette femme à renier son sexe. Voici donc ce qu’elle raconte : restée orpheline à 14 ans, sans ressources, n’ayant d’autre alternative que la misère ou la prostitution, elle prit la détermination de revêtir désormais l’habit masculin et, sous ce déguisement, se plaça chez un palefrenier. Actuellement, elle est en service chez un entrepreneur de charrois et, grâce à sa force musculaire peu commune, elle s’acquitte au mieux de la besogne qui lui est confiée.
L’homme-femme craint que ceux qui l’emploient, s’ils apprennent sa véritable identité, ne le remercient. C’est justement pourquoi la malade de Lariboisière a supplié le directeur de cet hôpital de ne pas révéler son incognito. Et puis Monsieur Paul a peur, si son sexe est connu, d’être en butte aux tracasseries et, aussi, aux galanteries de ses camarades. Or Monsieur Paul est sage et veut rester sage… . »
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