Remontons le temps. Et revenons au début des années 2000, qui marquent un tournant important dans l’histoire de l’informatisation des entreprises et des institutions publiques, y compris celles de la santé. Internet est en question, après la bulle que les gourous auront contribué à créer autour d’elle. Dans les hôpitaux, on parle plutôt des Autoroutes de l’Information, mais les applications pratiques de la technologie IP sont loin d’être légion. Certaines structures de soins évoquent à peine l’idée du déploiement d’un dossier patient et encore de la mobilité. Dans ce contexte, le praticien se rend auprès de son patient avec pour matériel son bloc-notes et son stylo, sans oublier son stéthoscope, technologie indémodable autour du cou. Après sa visite, il doit saisir sa prescription sur un ordinateur fixe, quand celui-ci existe. Quant à l’infirmière, elle réalise ses transmissions sur support papier et s’appuie sur un plan de soins loin d’être dématérialisé. Si dans un nombre très limité d’hôpitaux, quelques portables commencent à pointer leur souris tactile, de tels équipements relèvent plutôt de l’exception. Dix ans après, où en est la situation ?
Une technologie sans fil devenue fiable
Entre-temps, l’innovation technologique a pris une tournure exceptionnelle ; la technologie sans fil est devenue fiable et propose une qualité de service équivalente à celle des réseaux fixes ; les applications médicales sont devenues plus modernes et de ce fait transportables dans un environnement mobile. Que dire de ce dernier ? Il s’est allégé et diversifié (Laptops, Smartphone depuis quelques années, etc.). Quant à la sécurité, elle a connu un grand bond en avant, proposant des mécanismes d’authentification et d’identification forts. En clair, toutes les conditions sont réunies pour couper le cordon ombilical qui liait le praticien à son ordinateur fixe. Dès lors, équipé d’un poste mobile, il accède aux données du patient, dans son espace de soins. Un grand pas utilisé désormais par la majorité des hôpitaux, indépendamment de leur taille, en France comme à l’étranger.
L’exemple du CHU de Nantes
Dans l’Hexagone, l’exemple du projet du CHU de Nantes illustre la plongée dans un univers mobile au terme de la refonte de la partie cliente du système d’information. Le fil conducteur du projet était de donner aux médecins et aux infirmières un accès distant au dossier patient, depuis les trois sites du groupe. Pour réussir une telle déconcentration concernant au total 4 000 utilisateurs, il était nécessaire de mettre en place une solution évitant l’utilisation de mots de passe multiples, tout en garantissant la confidentialité des données médicales. Comment y procéder ? Après une analyse de ses besoins, l’établissement nantéen avait décidé de recourir à une solution de virtualisation du poste de travail. En partant de son existant composé de plates-formes Dell, la direction des systèmes d’information du CHU a décidé de l’enrichir avec une nouvelle strate technologique du même éditeur. Il s’agit de serveurs lame PowerEdge M 600 qui intègrent des processeurs Xeon, série 5400 intégrés dans les deux centres de données de l’établissement. Comme application de virtualisation, la solution Applidis Fusion de Systancia a été retenue et implémentée dans l’environnement Dell. Elle sert également de support d’administration des applications Windows de l’établissement.
Trois cents utilisateurs répartis sur deux sites ont testé avec succès la virtualisation à la fois sur les postes fixes et mobiles. Après généralisation, ces derniers ont été déployés au sein du groupe proposant ainsi le concept de poste de travail banalisé. De ce point de vue, chaque utilisateur peut accéder à son environnement de travail à partir de tout mobile disponible dans le service, en fonction de ses droits et habilitations. Véritable vecteur de la mobilité du personnel soignant, la virtualisation a ainsi fait rentrer les données dans la chambre du patient. Ce dernier a également accès à différentes prestations. Le service informatique y trouve également son compte à travers une administration plus aisée de son infrastructure cliente.
Sur ce terrain de la mobilité où la technologie sans fil a prouvé sa robustesse et sa fiabilité, l'un des problèmes reste souvent, outre la virtualisation, la convivialité du poste de travail mobile. Conscient de cette exigence, Dell a lancé le concept de Mobile Clinical Computing (MCC), qui répond à ces attentes. À travers cette solution, il entend relancer la concurrence sur un marché ou d’autres acteurs jouent les trublions. C’est particulièrement le cas de Motion Computing. Ce fournisseur propose la solution de poste de travail mobile C5. Elle est déjà utilisée par plus d’un établissement à l’étranger et en France. Dans le second cas, la clinique Esquirol Saint-Hilaire, en Aquitaine, y a recours pour faciliter l’accès aux fonctions de son SIH, à partir de la chambre du patient. Pour ses 15 unités de soins, elle a installé 85 tablettes C5 assorties de l’architecture Mobile Clinical Assistant (MCA). Le service de SSR avait servi de pilote en 2007. Quant aux soins intensifs, ils ont bouclé cette opération d’intégration en 2010. Ils bénéficient tous des innovations du C5 : l’interface stylet largement adoptée par les utilisateurs et la technologie RFID, cette dernière étant utilisée comme outil d’identification du personnel.
Le CH de Douai
Autre établissement qui s'est équipé de C5, le centre hospitalier de Douai. Le choix de cette technologie a été réalisé par les utilisateurs, après comparaison des différentes offres. Son intégration permet d’augmenter la productivité des professionnels de santé, élargir le temps que le médecin passe avec le patient, diminuer le risque d’erreurs grâce à la suppression du papier. Actuellement une vingtaine de tablettes C5 sont connectées avec le dossier patient. L’enthousiasme des utilisateurs devrait pousser le CH de Douai à s’équiper de tablettes supplémentaires.
Le CHU de Grenoble
Au CHU de Grenoble, le choix a été de déployer un terminal multimédia patient à côté de son lit. Si le praticien ne se balade plus avec un chariot intégrant un mobile de chambre en chambre, il a accès au dossier du patient directement dans son espace d’hospitalisation. Pour offrir un tel service, à ses usagers, l’établissement a eu recours à la solution tactile d’accès au dossier patient numérique de la société Ineo Com. Elle permet d’accéder au système d’information hospitalier Cristal-Net sécurisé par une carte CPS. Au menu, un bouquet d’applications : le dossier médical du patient, la gestion des menus, le livret médical, un formulaire d’enquête de satisfaction. En complément, le patient a accès à un ensemble de divertissements multimédia.
Le CHU vaudois de Lausanne
À l’étranger, l’un des exemples les plus marquants à notre connaissance est celui du centre hospitalier universitaire vaudois de Lausanne (Suisse). Pour des raisons techniques d’administration complexe, cet hôpital a remplacé son infrastructure de réseau local mobile initial construite à partir de solutions sans-fil d’AP au profit de contrôleurs de mobilité WLAN Aruba 6000, assorties de licences en redondance SRRP. Cet ensemble a été mis en place pour garantir une gestion centralisée des points d’accès ultralégers. Ainsi, l’ensemble des bornes peut être administré et géolocalisé à partir d’un point unique centralisé. Résultat : une réactivité en terme d'intervention et de rationalisation des ressources à la fois humaines et techniques.
À partir de cette plate-forme technique, le CHUV a su déployer un ensemble de services innovant. La première application a été celle de prescription médicamenteuse au lit du patient. Ce qui a nécessité le déploiement de tablettes. Fort du succès de cette opération inédite, l’établissement a continué dans son processus d’innovation. Il a ainsi mis à la dispositions des patients l’accès à la sélection du menu. Grâce à la conjugaison de la technologie Wi-Fi et à celle de tablettes mobiles, le CHUV est également en mesure de proposer aux patients d’autres applications. Aux enfants handicapés hospitalisés pour une longue durée, il permet de bénéficier d’une connexion Internet et de la visioconférence. Cela leur offre la possibilité d’avoir un contact régulier avec leurs parents et amis. La messagerie et le chat sont également disponibles.
L’hôpital universitaire de Southampton
Au Royaume-Uni, la solution sans fil d’Aruba a également été déployée à l’hôpital universitaire de Southampton. Celle-ci contribue ainsi à la mobilité des professionnels de santé. L’un des premiers usages de cet équipement a été l’accès au réseau d’archivage de l’imagerie médicale (Pacs) au pied du lit du patient. L’implémentation a été réalisée initialement au sein du service de neurologie de cet hôpital. Puis dans d’autres sites. D’autres déploiements sont au programme.
Plongé dans l’univers de la mobilité, l’hôpital moderne gagne en qualité de prise en charge. Un gain soumis à une condition : la mise en place d’une aide au changement culturel rendue nécessaire par une telle mutation. Praticiens et autres infirmiers ne sont pas toujours au fait des subtilités technologiques. Un accompagnement s’impose. Cela commence souvent par une sensibilisation et ensuite des actions de formation, y compris via l’e-learning.
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