INTERNET est devenu le lieu de tous les dangers pour les jeunes internautes, de plus en plus nombreux sur la Toile, et contre lesquels il devient urgent de les protéger, affirme un rapport remis au ministre de la Santé et de la Famille. Quatre-vingt-trois pour cent des 8-17 ans surfent seuls sur le Net, et ils risquent des agressions de toutes sortes, commerciales, sexuelles ou anticiviques (racisme, antisémitisme), affirme Joël Thoraval, président de le Commission nationale consultative des droits de l'homme, en introduction à cette étude. Le danger est d'autant plus présent que les réseaux pédophiles utilisent les chats, les blogs et les forums de discussion qu'affectionnent particulièrement les jeunes. La progression du nombre de fichiers pornographiques circulant sur le réseau mondial (200 000) est exponentielle et renforcée par l'usage des appareils photo numériques facilitant la circulation des images.
Onze millions d'ados concernés.
Dix-sept pour cent des mineurs ont été exposés déjà à ce type de représentations, estiment les enquêteurs. Les enfants à risque sont ceux qui commencent à découvrir Internet sans être accompagnés par leurs parents. Leur âge tend à baisser. Il se situe aujourd'hui autour de 7-8 ans. Le constat de Philippe Jarlov, un gendarme spécialisé dans les réseaux d'échange d'images pédo-pornographiques, cité dans le rapport, est alarmant : « Il y a un durcissement dans la violence des photos. Certaines vont même jusqu'à montrer des enfants torturés et assassinés. » Or les sites pédo-pornographiques « sont généralement gérés par des réseaux mafieux, souvent implantés en Europe de l'Est », et il est difficile d'intervenir, précise-t-il. L'étude relève la présence, sur ces sites, de photos de jeunes disparus, ou de photos d'enfants mises innocemment sur des blogs par leurs parents, qui, placées dans certains contextes, peuvent être dégradantes.
Internet est massivement investi par les marques pour toucher la jeunesse, car c'est leur média préféré (61 %), devant la télévision (49 %) et le cinéma (35 %). Il y a en France quelque 11 millions d'ados de 11 à 19 ans qui forment un public de curieux, prêts à essayer toute nouveauté et surtout capables d'influencer les achats des parents. L'année dernière, près de la moitié des familles était équipée d'ordinateurs connectés. En 2003, l'institut Nielsen évaluait à un million et demi le nombre de jeunes internautes. Ces jeunes, qui manient Internet plus aisément que les adultes, ne perçoivent pas toujours les dangers du Web et les risques de rencontres avec des inconnus mal intentionnés.
Pour Joël Thoraval, il est temps que les pouvoirs publics s'emparent du sujet. La 9e Conférence de la famille, qui doit se tenir à Paris à la fin juin, « tombe à pic ». Le ministre de la Santé et de la Famille retient l'idée de sensibiliser les mères et les pères en mettant à leur disposition des outils performants afin de limiter l'accès à Internet et de contrôler la navigation de leurs enfants sur la Toile. Il envisage aussi de collaborer avec les « ministres de la Justice et de l'Intérieur pour examiner avec eux comment protéger les familles contre la collecte d'informations d'ordre privatif auprès des enfants ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature