L'ETUDE RIO-EUROPE a été lancée en 2002 pour évaluer l'intérêt d'un traitement par le rimonabant - un inhibiteur des récepteurs cannabinoïdes de type 1 (CB1) - sur le poids et certains facteurs de risque cardio-vasculaire (lipides sanguins, insulinorésistance, pression artérielle...) chez des sujets en surpoids franc. Pour cela, 1 507 sujets (309 hommes et 1 198 femmes) âgés de plus de 18 ans et présentant soit un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30 kg/m2 sans pathologie associée, soit un IMC supérieur à 27 et une hypertension artérielle et/ou une dyslipidémie, ont été randomisés en vue de recevoir du rimonabant (5 ou 20 mg par jour) ou un placebo. Toutes les personnes incluses dans l'étude ont, en outre, suivi un régime modérément hypocalorique apportant quotidiennement 600 kcal de moins que leur régime habituel.
Evolution du poids corporel.
Les investigateurs ont pris en compte la modification du poids corporel à un an comme critère principal d'évaluation et ont également analysé les variations de différents facteurs de risque cardio-vasculaire (tour de taille, pression artérielle, cholestérol total, HDL-C, triglycérides, glycémie à jeun, insulinémie à jeun et indexe Homa prenant en compte la glycémie et l'insulinémie).
Soixante et un pour cent des sujets ont poursuivi le traitement qui leur avait été assigné pendant au moins douze mois : 58,4 % dans le groupe placebo, 62,7 % dans le groupe rimonabant 5 mg et 60,6 % dans le groupe rimonabant 20 mg. Les pertes de poids enregistrées dans les trois groupes ont été de, respectivement, 1,8, 3,4 et 6,6 kg. Le pourcentage des sujets ayant perdu au moins 5 ou 10 % de leur poids initial a été significativement plus élevé dans le groupe rimonabant 20 mg que dans les deux autres bras de l'étude.
Pas d'impact sur la pression artérielle.
La prise de ce traitement s'est accompagnée d'une réduction très significative de différents facteurs de risque cardio-vasculaires : tour de taille (- 2,4 versus - 6,5), du taux de HDL cholestérol, de triglycérides, de l'insulinémie à jeun et de l'index Homa. En revanche, aucune modification des valeurs de pression artérielle n'a été notée dans l'un quelconque des groupes.
Les auteurs soulignent que plus de 50 % de l'effet exercé par le rimonabant sur les taux de triglycérides et de HDL cholestérol peuvent être considérés comme indépendants de la perte de poids. L'effet du rimonabant sur la perte de poids s'est révélé significatif sans atteindre de plateau pendant une durée prolongée (de 36 à 40 semaines).
Réduction du risque athérothrombotique.
Par ailleurs, les investigateurs soulignent que la réduction nette du tour de taille obtenue avec la dose de 20 mg pourrait correspondre à une diminution de 30 % environ de la graisse intra-abdominale, qui pourrait, par un effet propre, contribuer encore à réduire le risque cardio-vasculaire à moyen terme en raison de l'effet direct de la masse graisseuse intra-abdominale sur le risque athérothrombotique et l'existence d'anomalies métaboliques pro-inflammatoires.
Les auteurs ont également analysé la tolérance des deux posologies de rimonabant utilisées et l'ont comparée à celle du placebo. Le nombre d'arrêts du traitement s'est révélé quasiment identique dans les trois groupes. Les effets indésirables le plus souvent rapportés dans le groupe rimonabant 20 mg ont été d'origine digestive (nausées et diarrhée) ; ils sont généralement survenus au cours des premiers mois de traitement et ont rarement été à l'origine de sorties d'essai. Ces manifestations pourraient être en rapport avec un blocage local digestif des récepteurs CB1. Il n'a été rapporté d'effets indésirables graves dans aucun des trois bras de l'étude ; les auteurs signalent, en outre, que, si des troubles de l'humeur sont survenus dans le groupe rimonabant 20 mg, ils n'ont jamais à eux seuls motivé l'arrêt du traitement.
« Lancet » vol. 365, pp. 1388-1397, 16 avril 2005.
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