La Swedish Obese Subjects Study, récemment publiée (2), a le mérite d’avoir assuré un suivi de dix ans et d’avoir analysé un grand nombre d’items. Elle comparait un groupe de 641 obèses opérés, suivis pendant dix ans, à un groupe de 627 sujets témoins d’âge et de corpulence similaires (au début de l’étude). Au bout des dix ans, les patients non opérés (du groupe témoin) avaient augmenté leur poids de 1,6 % et leur tour de taille de 2,8 %, alors que les patients ayant bénéficié d’une intervention chirurgicale avaient réduit leur poids de 16,1 % et leur tour de taille de 10,1 % (p < 0,001). Il y avait significativement moins de diabètes, d’hypertriglycéridémies, d’hypoHDLémies, d’hypertensions et d’hyperuricémies dans le groupe opéré que dans le groupe témoin. Les prises alimentaires étaient moindres dans le groupe opéré et l’activité physique plus importante.
L’amélioration des troubles psychologiques
Qu’en est-il des troubles anxieux et dépressifs qui accompagnent souvent l’obésité ? Comme l’a souligné Michèle Le Barzic (psychologue clinicienne, Hôtel-Dieu Paris), deux ans après l’intervention, les patients opérés ont des scores d’anxiété et de dépression améliorés. « Il semble bien que l’anxiété, la dépression, la perte de l’estime de soi, les obsessions alimentaires et le ‘‘binge eating disorders’’ (BED) soient les conséquences de l’obésité et non pas ses causes», estime Michèle Le Barzic qui rapporte les résultats d’un travail effectué à l’Hôtel-Dieu. Entre 1998 et 2005, 150 patients ont été suivis au plan psychologique en vue d’une chirurgie bariatrique, 103 ont été opérés (85 % de gastroplasties, 15 % de by-pass). Une nouvelle évaluation était faite à un an et à deux ans après l’intervention. Pour être candidat à l’intervention, les patients devaient remplir les critères suivants : maturité psychique correcte, bon étayage social, absence de dépression franche ou de psychose, absence de troubles du comportement alimentaire sérieux, suivi hygiénodiététique d’un an avant l’intervention, l’adhésion à un groupe de parole. A deux ans, les deux tiers des patients étaient encore dans le protocole ; un seul était décédé et des problèmes postopératoires avaient été signalés chez 37 %. Les auteurs de ce travail ont noté : la disparition totale des 25 % de BED retrouvés avant l’intervention ; une diminution franche des compulsions (31,8 % avant, 2,2 % à un an et 6,8 % à deux ans) et la disparition des 11 % d’hyperphagies.
Ces résultats à deux ans sont bons. Toutefois, la lecture de la littérature montre qu’une reprise (partielle) de poids à moyen terme entraîne souvent une désillusion du patient ; le succès à long terme dépend donc de la capacité du patient à admettre un compromis avec le réel. « Les patients qui avaient une attente magique vis-à-vis de l’intervention sont déçus et reprennent leurs compulsions, confirme Michèle Le Barzic. Les résultats sont meilleurs chez les patients hyperphages que chez ceux avec des habitudes de grignotage et des compulsions. Quant à la boulimie, elle représente une contre-indication à l’intervention, avec un risque non négligeable de passage à l’anorexie. Une évaluation précise de l’état psychologique est donc très importante avant de prendre la décision d’opérer. Dans ce contexte, les groupes de parole sont indispensables pour préparer les patients.»
(1) Jama 2005 Apr. 13 ; 293 (14) :1728. (2) Rev. Med. Liege 2005 Feb. ; 60(2) :121-5.
D’après une session clinique du congrès de l’Alfediam à Paris.
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