L'ATHÉROSCLÉROSE se développe préférentiellement au niveau des segments artériels exposés à des forces hémodynamiques, les contraintes de cisaillement, par exemple. Exposées à ce type de forces, les cellules endothéliales vasculaires majorent physiologiquement leur excrétion de NO (monoxyde d'azote) par le biais de modification de l'expression de la NO synthétase endothéliale. Lorsque les contraintes de cisaillement sont majorées par l'existence d'une hypertension, l'expression de gènes sensibles à l'oxydation tels que ELK-1 ou p-JUN est majorée eu sein de l'endothélium. Une équipe de recherche italienne a mis en place une étude afin d'évaluer l'intérêt du jus de grenade - dont les propriétés antioxydantes ont été déjà prouvées - in vitro sur des cultures de cellules endothéliales coronaires humaines et in vivo sur des souris hypercholestérolémiques à risque majoré d'athérosclérose.
Cultures d'endothélium coronaire.
Le premier volet de ce travail a permis de prouver que, sur des cultures cellulaires d'endothélium coronaire soumises à des contraintes de cisaillement, le concentré de jus de grenade permet de réduire l'activation des gènes sensibles à l'oxydation et majore l'expression de la NO endothéliale synthétase.
Dans un second temps, les auteurs ont prouvé que l'administration orale de jus de grenade à des souris hypercholérérolémiques à différents stades de la maladie réduit significativement la progression de l'athérosclérose.
Il semblerait donc, à la lecture de ce travail, que la grenade pourrait être utilisée à titre préventif ou curatif pour lutter contre l'athérosclérose physiologique ou pathologique.
Ces données doivent être rapprochées de trois autres études récentes : la première qui a prouvé que l'administration des polyphénols de vin rouge peut réduire l'agrégation in vitro et in vivo des lipoprotéines de faible densité ; la deuxième qui a montré que la prise quotidienne de jus de grenade permet de faire baisser les chiffres tensionnels chez des patients hypertendus ; enfin, la troisième qui a prouvé que la consommation pendant trois ans de ce jus pouvait permettre une baisse du rapport intima-media de la carotide de sujets souffrant de sténose carotidienne.
Myrtilles, oranges, airelles, vin rouge.
Les auteurs soulignent que le taux d'antioxydants retrouvé dans le jus de grenade est plus important que celui des autres jus de fruits (myrtilles, oranges, airelles), voire du vin rouge, et que leur effet semble nettement plus important que celui d'autres antioxydants tels que la vitamine A ou E, le co-enzyme Q-10 ou l'acide alphalipoïque. Ils ajoutent que les résultats de cette étude laissent penser qu'on pourrait prouver l'effet direct de prévention cardio-vasculaire primaire ou secondaire des polyphénols chez l'homme.
« Proc Natl Acad Sci USA », édition avancée en ligne.
Des qualités reconnues depuis l'Antiquité
La grenade : les Grecs anciens voyaient en elle le fruit de la mort ; les Perses pensaient qu'elle pouvait conférer l'invincibilité sur les champs de bataille ; pour les Juifs, ce fruit est inscrit dans la religion ; en Chine, enfin, elle est symbole de longévité. La grenade, dont seule la moitié du poids est comestible, est constitué de 80 % de jus et de 20 % de graines. La composition du jus est parfaitement connue : 85 % d'eau, 10 % de sucres (fructose et glucose), 1,5 % de pectine, de l'acide ascorbique et des flavonoïdes polyphénoliques (anthocyanines, catéchines, tannins ellagiques, galliques et acides ellagiques). La moitié du poids sec du jus est constituée de calcium. Des études ont montré que le jus de grenade est doté de propriétés antioxydantes et antiathérogéniques chez l'animal et, in vitro, il peut inhiber les cyclo-oxygénases et les lipo-oxygénases.
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