TROIS TEXTES très différents. Trois textes brefs. « Comédie », vaudeville à couleur métaphysique qui date de 1963, « Pas », dialogue bouleversant d’une fille et de sa mère qui date de 1975, « Catastrophe », pièce écrite pour Vaclav Havel, qui était alors en prison à Prague, en 1982. Il ne deviendra président qu’avec la « Révolution de velours » en 1989. Trois facettes très différentes de l’art de Samuel Beckett, mais elles sont unies par un même esprit, très sarcastique mais très tendre en même temps.
Cet univers convient parfaitement à Michael Lonsdale et la manière dont il dirige les excellents interprètes réunis, comme la manière dont il joue et a construit le spectacle, sont remarquables. C’est bref. Cela sonne juste. Cela fait rire. C’est libre par rapport à certaines façons très révérencieuses de monter Beckett (c’est frappant dans « Comédie ») et cela donne envie de parcourir toute l’oeuvre. Pas mal !
Il a choisi l’ordre chronologique : au coeur est « Pas ». Dans une robe très belle (Dany Danon), Laurence Bourdil est cette fille qui questionne désespérément, qui appelle. Qui marche. On retrouve la grande tragédienne, la sensibilité profonde de cette comédienne magnifique. Voix proche et belle, Françoise Thuries est la mère, dans l’autorité dérobée qui ligote. C’est très beau.
En ouverture, dans leurs urnes-cruches-amphores, empêchés de tout mouvement hors le visage, volubiles, en un trio musical d’une drôlerie idéale, Danielle Van Bercheycke, Eléonore Hirt et Lonsdale lui-même jouent avec malice « Comédie ». C’est jubilatoire et d’une précision (des lumières aussi, très importantes : Benjamin Guillemot).
Enfin « Catastrophe » ou la froide manipulation. Une fable qui est toujours d’actualité et que jouent Pascal Omhovere, Damien Bricotteaux, une Eléonore Hirt terrible et un Lonsdale qui observe et manipule...
Théâtre des Bouffes du Nord, dans le cadre du festival Beckett, à 21 h du mardi au samedi et en matinée le samedi à 15 h 30 (01.46.07.34.50).
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