LE DIRECTEUR général de l'OMS, le Dr Lee Jong-wook a choisi Santiago du Chili pour annoncer, avec le président chilien Ricardo Lagos Escobar, la création de la Commission des déterminants sociaux de la santé, un nouvel organisme qui doit servir de figure de proue de l'action contre les causes sociales sous-jacentes des problèmes de santé. La nouvelle commission regroupe, sous la présidence du Pr Michael Marmot (Londres), des experts mondiaux de la santé, de l'éducation, du logement et de l'économie (dont le prix Nobel Armatya Sen). Son mandat est de trois ans.
« C'est principalement la situation sociale qui détermine si l'on vivra jusqu'à 40 ou 80 ans, si l'on sera soigné pour une maladie qui peut être guérie et si l'on aura des enfants qui atteindront leur cinquième anniversaire, souligne le Dr Lee. Il ne faut pas que l'on meure jeune uniquement parce qu'on est pauvre. La commission aidera les pays, indépendamment de leur niveau économique, à appliquer des stratégies qui permettront aux pauvres et aux marginaux de vivre plus longtemps et en meilleure santé. Les besoins des populations désavantagées figurent ainsi en tête du programme de la santé au XXIe siècle. » « Nous fournirons aux responsables politiques les meilleurs éléments possibles pour que la pauvreté ne représente pas une condamnation à une vie plus brève ni à une santé plus précaire », ajoute le Pr Marmot.
Les écarts d'espérance de vie.
Selon l'OMS, les déterminants sociaux expliquent la différence considérable en matière d'espérance de vie moyenne, qui s'échelonne entre trente-quatre ans en Sierra Leone et 81,9 au Japon ; en Angleterre et au Pays-de-Galles, les dernières données font apparaître un écart de 7,4 ans d'espérance de vie entre les hommes des professions libérales et les travailleurs manuels non qualifiés (chiffres pour 1997-1999). Ils expliquent également la majorité des inégalités en matière de santé à l'intérieur des pays : en Indonésie, par exemple, la mortalité des enfants de moins de 5 ans est presque quatre fois plus élevée chez les 20 % les plus pauvres que chez les 20 % les plus riches de la population.
Certains pays, comme le Chili, précisément, mais aussi le Royaume-Uni ou la Suède, appliquent déjà des programmes de santé qui tiennent compte des déterminants sociaux. Ainsi, les programmes d'aide sociale lient l'octroi des prestations à la scolarisation des enfants à l'école, à des visites médicales régulières et à d'autres mesures de promotion de la santé.
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