Les infections nosocomiales sous la loupe du Sénat

L’Opeps stigmatise le coût de la non-qualité

Publié le 02/07/2006
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C’EST LE SÉNATEUR (UMP) de l’Oise, Alain Vasselle, que l’Office parlementaire d’évaluation des politiques de santé (Opeps – « le Quotidien » du 30 juin) a chargé du rapport qu’il consacre cette année aux infections nosocomiales.

«On admet communément qu’en France 6 à 7% des hospitalisations sont compliquées par une infection nosocomiale, soit environ 750000cas sur les 15millions d’hospitalisations annuelles», rappelle ce document.

Mais ces chiffres cachent des situations très différentes, car les infections nosocomiales peuvent avoir de multiples causes : soit une bactérie endogène du patient (de loin le cas de figure le plus courant, mais aussi le plus grave) ; soit une bactérie exogène présente dans l’établissement de santé ; soit encore un virus, et, dans ce cas, l’infection peut survenir en dehors de tout acte médical. Au total, ces infections sont responsables de 22 % des événements graves liés aux soins, contre 27,5 % pour les accidents médicamenteux.

Si les causes de ces accidents sont plutôt bien identifiées (le plus souvent, sauf pour les virus, à l’occasion de soins invasifs), il reste bien du chemin à faire pour les éradiquer. Le rapport estime, en effet, à 30 % la proportion des infections nosocomiales qui pourraient être évitées par une meilleure prévention.

Elles ont de lourdes conséquences, tant pour le patient que pour la société : le rapport précise à ce sujet que, selon plusieurs études récentes, 6,6 % des décès qui ont lieu à l’hôpital surviendraient en présence d’une infection nosocomiale – sans qu’il soit cependant possible d’affirmer que l’infection est la seule cause de la mort. Au total, calcule le rapport, ces infections seraient en cause dans 9 000 décès par an, «dont 4200 concernent des patients pour lesquels le pronostic vital n’était pas engagé à court terme à leur entrée à l’hôpital».

Les infections nosocomiales ont également un coût pour la collectivité. Le rapport l’évalue dans une fourchette allant de 2,4 à 6 milliards d’euros, et précise qu’une diminution de 10 % du nombre des infections nosocomiales permettrait une économie de 240 à 600 millions d’euros, «soit jusqu’à six fois plus que l’effort de prévention actuellement fourni par les établissements hospitaliers». Ce calcul, conclut le rapport, «montre combien le coût de la non-qualité est supérieur à celui de la prévention».

Situation très variable selon les établissements.

Malgré tout, la politique de prévention menée par les établissements a produit des résultats. Des comités de lutte contre ces infections ont été instaurés dès 1988, et, entre 1996 et 2001, le taux de prévalence a été ramené de 8,3 à 7,2 % dans les centres hospitaliers universitaires, et de 6,5 à 5 % dans les centres hospitaliers. Une prochaine enquête est en cours pour savoir si cette baisse se poursuit, ce qui est vraisemblable, compte tenu de la mise en place par les pouvoirs publics d’un programme de lutte contre les infections nosocomiales pour la période 2005-2008.

Le rapport préconise un certain nombre de mesures pour endiguer le fléau. Il milite tout d’abord pour l’amélioration du respect des normes d’hygiène dans les établissements. Car, «si des progrès sont visibles, la situation est très variable d’un établissement à l’autre». Il propose la création d’un statut de l’infirmière hygiéniste, une application plus stricte des mesures de prévention et un nombre plus fréquent d’examens de dépistage de bactéries endogènes chez les patients. Il propose d’améliorer les pratiques de bon usage des antibiotiques afin de diminuer la résistance des bactéries à ces traitements.

> HENRI DE SAINT ROMAN

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7991