« Il n’est plus pensable de répondre aujourd’hui à un patient atteint d’un mélanome avec des métastases que l’on ne peut plus rien pour lui, affirme le Pr Brigitte Dreno (service dermato-cancérologie au CHU de Nantes et coordinatrice du réseau mélanome pluridisciplinaire INCa) lors des Journées de Dermatologie. En effet, pour la première fois dans la recherche contre le mélanome, plusieurs molécules apportent de réels espoirs, sans pour autant parler de guérison à ce stade ». Tout d’abord, dans un essai randomisé de phase III en double aveugle, l’ipilimumab, un anticorps monoclonal entièrement humain CTLA4, a été administré en intraveineux* chez 676 patients atteints de mélanome métastatique en progression. Les anti-CTLA4 (associés ou non avec un vaccin dérivé de la protéine tumorale gp100) ont permis de gagner trois mois de survie globale. La médiane de survie était de 10 mois chez les patients sous ipilimumab associé au gp100 et de 10,1 mois sous ipilimumab seul, versus 6,4 mois pour le gp100 seul. La réponse à l’ipilimumab seul s’est maintenue au moins 2 ans chez 60 % des répondeurs. « C’est la première fois qu’une étude sur le mélanome démontre un gain en termes de survie », explique la dermatologue. Des données suffisamment importantes pour que l’Afssaps décide d’une ATU pour cet anticorps en seconde ou troisième ligne, en l’occurrence en échec de la dacarbazine.
Thérapie ciblée
La seconde nouveauté qui devrait être intégrée à brève échéance est la thérapie ciblée par l’anti B-Raf. La moitié des mélanomes malins ont une mutation d’un gène B-RAF kinase qui modifie la prolifération des cellules mélaniques. « Une étude de Phase II avec la molécule R7204 - qui cible les mutations du gène BRAF - a obtenu un taux de réponse complète et partielle de l’ordre de 60 %, succès encore jamais observé par une étude randomisée de phase II dans le mélanome », poursuit Brigitte Dréno. Cette étude réalisée chez 132 patients au stade métastatique d’un mélanome obtient un taux de réponse de 52 % déterminé sur une diminution des métastases d’au moins 30 % à deux scanners consécutifs. 82 % des patients ont eu soit une réponse complète (pour 3 patients), soit une réponse partielle (66 %) ou une maladie stable (pour 39 patients). La durée moyenne de la réponse était de 6,8 mois. Après un suivi moyen de 7 mois, 38 % des patients sont toujours sous traitement. « La suite, une étude de phase III** avec la molécule anti-B-RAF versus dacarbazine se terminera mi-2011, mais nous espérons disposer très prochainement d’une ATU, en attendant une AMM fin 2011 ».
Un vaccin antitumoral
Une troisième approche prometteuse concerne un vaccin antitumoral. L’étude DERMA **, un essai de phase III randomisé en double aveugle contrôlé versus placebo, évalue l'efficacité en traitement adjuvant d’un vaccin ciblé associant une protéine recombinante d’un antigène de mélanome MAGE-A3. Les patients ont eu un curage ganglionnaire suite à l’identification de ganglions loco régionaux métastatiques. Après vérification par PCR que les cellules tumorales du ganglion expriment l’antigène MAGE-A3, le patient peut être inclus. « L’objectif est de démontrer que l’on diminue le taux de passage au stade métastatique et que l’on augmente la survie globale, détaille Brigitte Dréno. Cette étude recrute 1 300 patients et devrait être terminée en juin 2011. Dans l’étude de phase II, on a identifié une « gene signature » qui lorsqu’elle est exprimée, les patients ont une survie globale augmentée avec le vaccin ». Il devient alors possible d’identifier les répondeurs aux traitements.
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