> Théâtre
DANS UN ESPACE très sombre, noir, derrière un muret qui sera tout à l'heure la table du dîner, les protagonistes sont plongés dans la nuit. Ici est le royaume de la Reine de la Nuit. Celle de Mozart. Une femme que l'on ne nomme pas autrement justement que la Reine de la Nuit. Elle chante. Elle ne chante que cela peut-être (Gabrielle Godart)... On est dans une maison d'opéra, dans sa loge, où l'attendent son père aveugle (Yvan Blanloeil), qui est collé au « retour », le haut-parleur qui diffuse les sons, les bruits de la salle, et le Docteur (impressionnant Pierre-Alain Chapuis), ce Docteur qui ne les quitte pas et qui se lance dans une description précise, maniaque, fascinante d'une autopsie qui peut être prise pour la métaphore de toute l'écriture de l'auteur douloureux, lucide, sarcastique qu'était Thomas Bernhard. Ajoutez une habilleuse, Madame Vargo, qui a peut-être été chanteuse elle aussi, autrefois, et un majordome, Winter, interprétés par une seule comédienne, très présente, Karina Ketz.
Un très beau travail. Intelligent, sensible. Une belle lecture de ce texte de Thomas Bernhard qui dit beaucoup sur l'ensemble de l'œuvre, en concentre bien des hantises, mais qui n'est pas souvent monté en France. C'est donc un plaisir que de réentendre ce texte traduit par Michel-François Demet, un autre de découvrir le travail d'Yvan Blanloeil, metteur en scène, directeur de compagnie qui est installé en Aquitaine. Gabrielle Godart, d'ailleurs, a été formée au conservatoire de Bordeaux, en musique, chant, piano et elle est très émouvante et drôle en même temps. Le père est inquiétant et Blanloeil le sert avec tact.
Dominant la représentation, comme le veut la pièce, Pierre-Alain Chapuis, dans une partition très importante, impose son personnage pervers et pathétique en même temps. La vie n'est peut-être rien d'autre que ce que l'on en sait en découpant un cadavre... et le sublime Mozart n'y peut rien. Acteur toujours profond, précis, Pierre-Alain Chapuis trouve ici un grand rôle à sa mesure dans une production où toute l'équipe artistique (costumes, lumières, maquillages, scénographie) est à louer.
Théâtre de la Tempête, du mardi au samedi à 20 h, dimanche à 16 h 30. Jusqu'au 22 mai (01.43.28.36.36). Durée : 1 h 40 sans entracte.
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